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Canadian Historic Sites: Occasional Papers in Archaeology and History No. 15
A History of Martello Towers in the Defence of British North America, 1796-1871
by Ivan J. Saunders
Sommaire
Les tours Martello sont de petites fortifications permanentes
caractéristiques, circulaires, construites en briques ou en pierres.
Elles étaient conçues pour repousser les attaques de l'infanterie et
résister dans une certaine mesure au feu d'artillerie. Leur objectif
essentiel était la défense des côtes. Elles ont connu une grande
popularité chez les Britanniques au début du XIXe siècle et
des 1815, ils en avaient construit un grand nombre en Grande-Bretagne et
dans l'Empire britannique.
C'est à cette même époque que la construction de dix de ces ouvrages
a été entreprise en Amérique du Nord britannique et, une fois la paix
revenue elles sont restées l'un des moyens classiques du système de
défense des colonies. Bien que les responsables de la défense du Canada
aient recommandé la construction de dizaines de ces tours après 1815, on
n'en eéigea plus que six (à Kingston, de 1846 à 1848). L'utilité
permanente des tours Martello durant cette longue période reflète à la
fois la stagnation du progrès de l'artillerie et les efforts désespérés
déployés par les Britanniques pour mettre au point une stratégie
efficace de défense de l'Amérique du Nord britannique. Leur stratégie,
et donc les tours, se sont trouvées dépassées lorsque l'art de la guerre
a fait des progrès techniques marqués, en même temps que s'accroissait
considérablement la puissance militaire américaine à partir des années
1860.
Depuis des siècles, les tours de pierre avaient constitué un des
éléments familiers de la défense côtière en Méditerranée. Les
Britanniques eux-mêmes en avaient construites pour défendre les îles de
la Manche pendant la révolution américaine, même s'ils ne leur
attribuaient pas un rôle militaire essentiel. Ces tours circulaires en
pierres avaient acquis leurs lettres de noblesse aux yeux des Anglais
dès 1794 lorsque l'une de ces fortifications, la tour du cap Martello,
en Corse, repoussa victorieusement l'attaque de deux vaisseaux de guerre
britannique, ce qui avait fortement surpris ces derniers. Dès 1796, le
Génie en construisit de semblables à Halifax et dans la colonie du Cap.
A partir de 1804, face à la menace d'une invasion napoléonienne, les
tours Martello devinrent un élément de la défense de la Grande-Bretagne
elle-même, et plusieurs de ces tours furent érigées le long des côtes
des îles britanniques entre 1805 et 1812.
Leur acceptation générale en Angleterre en a relancé l'usage en
Amérique du Nord britannique, Dès avant 1815, sept autres tours
disséminées dans les colonies d'Amérique du Nord se sont ajoutées a
cellos d'Halifax qui dataient toutes trois d'avant 1800, en même temps
que les militaires en demandaient la construction de plusieurs autres.
Les ingénieurs militaires des colonies ont accepté d'emblée les tours
Martello parce qu'elles étaient faciles à construire, peu onéreuses et
durables. Elles contrastaient avantageusement avec les blockhaus de bois
et les retranchements en terre. Les tours de l'Amérique du Nord
britannique postérieures à 1800 étaient semblables, dans l'ensemble, à
celles qui avaient été construite en Grande-Bretagne, mais leur emploi
tactique dans les colonies était plus varié. Dans les colonies, les
commandants en chef et le génie étaient souvent obligés de se contenter
de ces tours moins onéreuses que d'autres ouvrages défensifs
militairement meilleurs. Sur le plan politique et militaire, elles ont
cependant satisfait à un besoin très réel en Amérique du Nord pendant
plus d'un demi-siècle.
Les tours Martello matérialisent les premiers efforts des
Britanniques pour établir en Amérique du Nord des fortifications
penmanentes en maçonnerie. Les trois premières, construites à Halifax
entre 1796 et 1799, ont précédé les modéles acceptés en Angleterre.
Elles avaient été conçues sur place et ne répondent que de fort loin aux
normes ultérieurement fixées pour les ouvrages. Les sept autres tours
canadiennes qui ont suivi avant 1815, correspondaient aux critères
britanniques officiels bien que certaines d'entre elles, destinées à la
défense terrestre, rompent avec la tradition anglaise de défense des
côtes. Quatre d'entre elles furent érigées à Québec entre 1808 et 1812,
la construction de deux autres commença à Halifax entre 1812 et 1814, et
la dernière a été terminée en 1815 à Saint-Jean du Nouveau-Brunswick.
Les trois premières tours canadiennes ont été construites pour contrer
les attaques françaises alors que les sept autres avaient pour but de
faire face à la nouvelle menace américaine. La montée de cette dernière
a constitué l'élément dominant de la stratégie britannique et des
mesures défensives adoptées sur notre continent jusqu'aux années 1860.
Les tours Martello ont alors constitué l'une des composantes permanentes
de l'attitude défensive des Britanniques.
Dès la fin de la guerre de 1812, ces derniers ont cherché à éviter
que ne se reproduise le quasi-désastre qu'ils ont subi lors de cette
guerre. Toutes les suggestions d'établissement de fortifications pendant
la décennie suivante ont abouti en 1825 à la formulation d'un plan de
défense global qui suggérait l'emploi des tours Martello comme appoint
d'un système de grandes forteresses. On leur accorda encore plus
d'importance au début des années quarante lorsqu'il fut clair que la
stratégie britannique s'averait un échec coûteux face à la puissance
toujours montante des Etats-Unis et que, par consequént, la
Grande-Bretagne devrait so rabattre en cas de guerre sur sa stratégie
nord-américaine traditionnelle de mise en place de mesures d'urgence,
avec emploi de troupes mobiles et de retranchements en terre. La
construction de nouvelles tours Martello a été stimulée par leur faible
coût, et leur souplesse d'emploi, en même temps que par leur rusticité
nécessitant beaucoup moins d'entretien que les autres constructions de
1812.
De 1840 à 1847, les responsables de la défense ont recommandé qu'on
les emploie pour la protection de plusieurs localités, de St. John's
(Terre-Neuve) jusqu'au lao Erié. De 1846 à 1848, on en a construit six à
Kingston, en Ontario, ce qui portait à dix-sept le nombre de tours
Martello érigées au Canada; elles ont toutes été utilisées à des fins
militaires jusque dans les années soixante.
Les tours de Kingston sont une consequénce directe de la crise de
l'Orégon de 1845-1846; elles comptent parmi les dernières fortifications
permanentes que les Britanniques aient mises en place à l'intérieur de
l'Amérique du Nord britannique. Les quatre plus grandes d'entre elles
étaient, les plus facilement défendables des ouvrages de ce type
existant au monde mais, militaire, elles n'ont jamais eu que peu de
valeur. Les considérations d'ordre militaire ayant été subordonnées aux
facteurs politiques et économiques lors de leur construction, elles
n'ont été complètement armées que lorsqu'elles étaient déjà
dépassées.
Les tours Martello de Kingston sont intéressantes surtout de par leur
caractère architectural avancé et complexe qui témoigne bien du très
grand potentiel de défense de ce type de fortifications.
La leçon de la «crise de l'Orégon» a mis un terme aux
projets britanniques de fortifier l'intérieur de l'Amérique du Nord
britannique. A partir de ce moment et jusqu'à la retraite définitive des
Britanniques en 1871, les tours Martello, aux Maritimes comme dans les
deux Canada, ont perdu toute valeur comme ouvrages défensifs armés.
On leur a d'abord progressivement attribué un rôle secondaire dans le
cadre des nouveaux plans de défense des années 1850 et du début des
années 1860. L'apparition du canon rayé les a frappées d'obsolescence en
1864 en modifiant totalement les impératifs régissant les dispositifs de
défense fixe contre l'artillerie. Bien que n'appartenant plus qu'au
passé, certaines tours ont été employées à des fins militaires de second
ordre jusqu'à une époque avancée du vingtième siècle.
Les onze tours Martello encore en existence restent des témoins
patients des fluctuations politiques et militaires qui ont si souvent
marqué pendant 75 ans les efforts déployés par l'Angleterre pour
défendre l'Amérique du Nord britannique de 1796 à 1871.
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