Le vent était glacial et la température de moins 15 degrés à Tanquary Fiord, le 20 septembre 1986, lorsque Tagak Curley, ministre du Développement économique et du Tourisme des Territoires du Nord-Ouest et moi avons signé un accord pour établir la réserve du parc national de l'Île-d'Ellesmere.
J'étais littéralement au sommet du monde, à quelques centaines de kilomètres du Pôle nord, entouré des montagnes dénudées de l'Arctique, et j'étais fier de prendre part à la création d'un nouveau parc national, l'un des rares parcs polaires au monde.
De toutes les merveilles des parcs nationaux canadiens, peut-être que la plus étonnante est leur existence ellemême. De nos jours, ils font tellement partie de notre quotidien qu'on oublie facilement qu'ils n'ont pas toujours existé. Ils sont nés au moment où le Gouvernement de Sir John A. Macdonald réservait 26 km2 de terres autour des sources thermales Cave and Basin, à Banff, en 1885. Dix-huit mois plus tard, le Parlement de la jeune nation canadienne renforçait sa démarche en votant la Loi sur le parc des Montagnes-Rocheuses, créant ainsi le troisième réseau de parcs nationaux au monde.
Une fois lancée, l'idée des parcs nationaux est tout de suite devenue populaire. Le gouvernement réservait des milliers de kilomètres carrés pour d'éventuels parcs nationaux. Cependant, je doute que, tout visionnaire et confiant dans l'avenir national qu'était Macdonald, il ait pu entrevoir la véritable ampleur du projet qu'il venait de lancer.
De nos jours, en plus des 75 lieux et des 9 canaux historiques, nous avons 32 parcs nationaux allant des quelque 4 km du parc national des Îles-du-St-Laurent aux 45 000 km2 du parc national de Wood Buffalo. Dans l'ensemble, les parcs nationaux du Canada s'ouvrent à une incroyable panoplie d'aventures, que ce soit l'exploration des immensités sauvages de la réserve du parc national de la Nahanni ou la sortie familiale dans l'accueillant parc national de l'Île-du-Prince-Édouard, ma province natale. En tant que ministre responsable de l'intégrité des parcs nationaux, ma tâche est d'en assurer la garde au nom des Canadiens.
Le défi est maintenant de découvrir des façons de protéger la beauté naturelle des parcs tout en permettant aux gens, spécialement les jeunes, de les utiliser pour se divertir, apprendre, se développer, se réjouir, se réconforter et y trouver l'inspiration. Autrement, qui se souciera de nos parcs aujourd'hui ? Et qui apprendra à s'en occuper dans l'avenir ?
Les parcs ne sont pas un artifice autour de l'activité canadienne. Ils en sont la moëlle. Cette réalité révèle toute l'acuité des propos que tenait un vieil autochtone devant une commission royale d'enquête, il y a des années de cela. « Nous n'avons pas hérité des terres de nos ancêtres, disait-il, nous en sommes les gardiens pour le bénéfice de nos enfants. » Ce bref historique des parcs nationaux canadiens est un important témoignage de notre estime pour cette sauvegarde.
Cette chronique de la croissance du réseau des parcs nationaux qui est le nôtre aujourd'hui sera une référence précieuse pour tous ceux qui partagent les objectifs de conservation de nos parcs nationaux pour le peuple canadien, pour son bénéfice, son éducation et son plaisir. Les parcs doivent être entretenus et utilisés de manière à préserver leur intégrité pour la joie des générations à venir.
L'auteur de cette histoire, W. Fergus Lothian, a réuni ici son expérience et ses connaissances, acquises tout au long de ses quarante ans de carrière au sein de Parcs, avec les souvenirs et documents des autres employés, anciens et présents. Son histoire consacre les aventures et les prouesses de ceux qui laissent derrière eux un héritage qui se mérite l'estime de tous les Canadiens.
Tom McMillan, C.P.
Ministre de l'Environnement