Petite histoire des parcs nationaux du Canada

Chapitre 4
Les parcs nationaux au Québec

Introduction

Les premières démarches visant à promouvoir la création d'un parc national au Québec remontent à 1912, mais près de 60 ans devaient néanmoins s'écouler avant la réalisation de cet objectif. De fait, un an après l'instauration de la Direction des parcs du Dominion du ministère de l'Intérieur, en 1911, divers quotidiens d'Ottawa publient des lettres qui proposent la création d'un parc dans le bassin de la rivière Gatineau, au nord de la capitale nationale. James M. Macoun, biologiste à l'emploi de la Commission géologique du Canada, suggère dans une lettre adressée au rédacteur en chef du Ottawa Citizen, que l'on réserve une partie de la région inhabitée située entre les rivières Gatineau et Coulonge, au nord et à l'ouest de Chelsea, au Québec, afin d'y aménager un parc national.

La proposition est portée à l'attention du sous-ministre de l'Intérieur par le commissaire des parcs du Dominion, J.B. Harkin, qui recommande que l'on consulte le gouvernement du Québec. La recommandation est approuvée et le 23 décembre 1913 le commissaire Harkin écrit à l'honorable Charles Devlin, ministre de la Colonisation, des Mines et des Pêches du Québec.

M. Harkin demandait à M. Devlin si la Province de Québec voudrait collaborer à la création d'un parc national dans la région de la Gatineau. Le sous-ministre de Devlin, S. Dufault, répond que le projet sera étudié attentivement par le ministre et porté à l'attention de ses collègues. Aucune autre réponse ne sera donnée.

Pendant quelques années, on continue de temps à autre à s'intéresser au projet de création d'un parc national au Québec, ainsi qu'en témoignent certains articles parus dans la presse et diverses causeries prononcées par d'éminents adeptes de la conservation lors d'assemblées publiques. En 1922, le commissaire des parcs du Dominion publie un rapport relatif aux possibilités qui s'offrent de créer un parc national dans l'ouest du Québec, plus précisément au nord de la rivière des Outaouais, à l'est de la Gatineau, et aux avantages qu'il y aurait de mettre ce territoire en réserve. Le rapport, rédigé par l'urbaniste Thomas Adams, était étoffé de cartes et de photographies illustrant quelques-uns des plus beaux paysages de cette région d'une superficie de plus de 10 000 km 2.

En 1931, un organisme connu sous le nom d'« Association pour la protection de la chasse et de la pêche des comtés de Gatineau, Hull, Papineau et Pontiac » entreprend des pressions en faveur de la création d'un parc national dans l'Ouest de la province. Les dirigeants du mouvement rencontrent le ministre de l'Intérieur, Thomas G. Murphy, qui leur exprime toute sa sympathie mais déclare qu'il lui est impossible de poser un geste tant qu'il n'aura pas les garanties que le territoire concerné sera bel et bien disponible.

En juillet 1937, l'honorable Onésime Gagnon, ministre des Mines et des Pêches du Québec, accompagné de son sous-ministre, L.A. Richard, s'entretient à Ottawa avec l'honorable Thomas Crerar, ministre fédéral des Mines et des Ressources, de la possibilité de créer un parc national au Québec. Bien que les différentes étapes impliquant la création d'un parc national aient été passées en revue, aucune décision n'est prise à la suite de cette réunion.

Le lac Wapizagonke
Le lac Wapizagonke, parc nationale de La Mauricie

Démarches nombreuses

Au début de l'année 1940, les démarches faites auprès du gouvernement du Québec avaient éveillé l'intérêt des fonctionnaires chargés de l'administration des parcs. Le 15 février, le sous-ministre L.A. Richard, adresse une lettre à Frank Williamson, contrôleur du Bureau des parcs nationaux à Ottawa, lui demandant si le gouvernement du Canada considérerait favorablement la possibilité de créer un parc national au Québec dans l'éventualité où son ministre entreprendrait des négociations à cet effet.

Les représentants du gouvernement du Québec étaient manifestement sincères dans leurs démarches visant à créer un parc national dans la province car, en février 1941, l'honorable Emile Côté, ministre des Terres et Forêts, aborde à nouveau le sujet auprès de l'honorable T.A. Crerar, ministre des Mines et des Ressources. M. Côté proposait une étude conjointe des différents sites possibles, qui permettrait de planifier un nouveau parc national une fois la guerre terminée. M. Crerar répond que bien qu'il soit peu probable que l'on puisse créer un parc avant la fin du conflit, le gouvernement fédéral est prêt à participer à toute étude conjointe des territoires que M. Côté lui proposera.

Au début de l'été 1941, James Smart, contrôleur du Bureau des parcs nationaux, parcourt, en compagnie d'Ernest Ménard, inspecteur général du ministère québécois des Mines et des Pêches, un territoire en Gaspésie.

Étude de la région du mont Tremblant

Il ne sera pas possible pour les fonctionnaires des parcs nationaux d'examiner la région du mont Tremblant avant le mois de mars 1943, lorsque James Smart, accompagné de l'auteur, passent plusieurs jours à évaluer les ressources et les attraits de la partie sud du parc ainsi que divers terrains appartenant à des particuliers adjacents à la limite du territoire et sur lesquels des services aux visiteurs avaient été aménagés. Fin juin 1943, le contrôleur Smart retourne dans la région du mont Tremblant afin d'examiner les endroits non accessibles au cours de sa visite hivernale. Des rapports préliminaires qui furent rédigés par la suite décrivent la région du mont Tremblant et celle de la Gaspésie et sont maintenant conservés dans les archives.

Alors que la création d'un parc national au Québec semblait presque chose faite au début de 1944, le gouvernement provincial cesse apparemment de s'intéresser à la question à la suite des élections législatives d'août 1944. Le gouvernement libéral était défait et l'Union nationale sous la direction de l'honorable Maurice Duplessis lui succédait.

Pendant les 16 années qui suivent, le climat politique ne se prêtera guère au transfert de territoires provinciaux au gouvernement fédéral dans le but de créer un parc national.

Au mois de juin 1960, le parti libéral dirigé par Jean Lesage reprend le pouvoir au Québec. De 1953 à 1958, Lesage avait été ministre du Nord et des Ressources nationales, dont relevait l'administration des parcs nationaux, et on espère vivement qu'une proposition de territoire pour la création d'un parc national au Québec sera bientôt annoncée. Le 7 novembre 1960, Walter Dinsdale, alors ministre du Nord et des Ressources nationales, écrit au premier ministre Lesage pour l'informer que le gouvernement accueillera favorablement toute proposition reliée à la création d'un parc national au Québec. M. Lesage répond qu'il a chargé l'honorable Lionel Bertrand, secrétaire de la province, de discuter de la question avec M. Dinsdale. En novembre 1960, lors de la conférence fédérale-provinciale sur le tourisme, tenue à Ottawa, M. Bertrand discute avec M. E.A. Côté, le sous-ministre de Dinsdale, de la possibilité d'établir un parc national au Québec. Bertrand signale qu'il a toujours en tête l'idée de céder le parc provincial du Mont-Tremblant au gouvernement fédéral.

Par la suite, M. Dinsdale reçoit divers messages émanant de plusieurs députés du Québec qui semblent tous prêts à accorder un appui sans réserve au projet de parc national dans leur province. Après une série d'audiences publiques qui se déroulent dans plusieurs villes et villages du Québec, en automne 1962, le Conseil du tourisme du Québec présente un mémoire au secrétaire de la province contenant 18 recommandations principales dont l'une appuyait fermement la création d'un ou de plusieurs parcs nationaux au Québec.

Lors de la conférence fédérale-provinciale de 1962 sur le tourisme, tenue à Ottawa, Lionel Bertrand s'entretient de nouveau avec le sous-ministre Ernest Côté, du ministère fédéral du Nord et des Ressources nationales, et l'avise que, dès le début de 1963, il soulèvera de nouveau la question d'un parc national au Québec.

Changement de gouvernement

En avril 1963, l'accession au pouvoir des libéraux de Lester B. Pearson entraîne le départ de Walter Dinsdale, ministre responsable des parcs nationaux. L'honorable Arthur Laing, député de Vancouver-sud, lui succède. M. Laing fait très rapidement savoir au premier ministre du Québec, Jean Lesage, que toute proposition visant à la création d'un parc national au Québec sera bienvenue. Il ne subsiste aucune trace au dossier de la réponse faite à l'époque par le premier ministre du Québec et tout espoir d'obtenir sa collaboration s'évanouit lorsque les libéraux sont défaits aux élections du 5 juin 1966.

Étude des régions du Québec

Si Arthur Laing ne fut pas en mesure d'annoncer la conclusion d'une entente avec le Québec sur la création d'un parc national, d'autres facteurs et d'autres circonstances allaient contribuer à la réalisation de cet objectif. Le 21 janvier 1966, Ernest Côté, sous-ministre de Laing, reçoit une note de A.T. Davidson, sous-ministre adjoint à l'Aménagement rural au ministère des Forêts et de l'Aménagement rural, l'informant qu'un vaste projet d'aménagement rural sera bientôt entrepris dans la région du Bas-Saint-Laurent. Ce projet était créé dans le cadre de la Loi sur l'aménagement rural et le développement agricole (A.R.D.A.) qui rendait possible la conclusion d'ententes pour le développement des terres marginales. Ces projets étaient financés sur la base d'un partage des coûts entre le gouvernement provincial concerné et le gouvernement fédéral. Le projet à l'étude avait comme objectif un vaste plan d'aménagement de neuf comtés du Québec dont celui de Gaspé.

Au mois de novembre de cette même année, Guy Lemieux, directeur de la politique et de la planification au ministère fédéral des Forêts et de l'Aménagement rural, transmet à E. Côté copie du plan du Bureau d'aménagement de l'Est du Québec (B.A.E.Q.). Des 10 volumes que contenait le rapport final, le volume 5 portant sur le volet touristique allait tout particulièrement éveiller l'intérêt des fonctionnaires des parcs nationaux à Ottawa, car il recommandait l'aménagement d'un parc à l'extrémité de la péninsule gaspésienne.

Étude de la péninsule gaspésienne

En février 1967, l'honorable Arthur Laing demande au sous-ministre Côté de lui indiquer les territoires offrant le meilleur potentiel pour devenir des parcs, advenant que le climat politique en ce qui concerne la création de parcs nationaux au Québec se modifie. Côté répond qu'une telle étude n'a pas été entreprise pour le Québec depuis 20 ans. Il suggère cependant que l'on remédie à la situation en effectuant des études de base portant principalement sur une bande de 325 km située entre la rivière des Outaouais et le Saint-Laurent, et de porter une attention spéciale à la péninsule gaspésienne, où des études concluaient qu'il était possible de stimuler l'économie plutôt anémique de cette région en mettant l'accent sur le tourisme et l'aménagement de parcs.

Le 14 juin 1967, Lloyd Brooks, chef de la Planification à la Division des parcs nationaux, est invité par la direction A.R.D.A. du ministère des Forêts de l'Aménagement rural, à effectuer une tournée de la région des monts Chic-Chocs, en Gaspésie. Un voyage de trois jours est organisé en septembre 1967. Le groupe comprenait Paul Boisclair, directeur du Bureau de l'A.R.D.A. à Montréal, Pierre Franche, directeur-adjoint, Chester Brown, ancien spécialiste des aires de récréation à l'A.R.D.A. et Lloyd Brooks de la Direction des parcs nationaux. Leur évaluation à partir de notes prises lors du survol du territoire et de visites sur le terrain, portait plus particulièrement sur deux régions, celle des monts Chic-Chocs et celle de Gaspé.

La région envisagée pour la création du « parc de Gaspé », qui englobait la plus grande partie de la péninsule de Forillon, à l'est et au nord de la ville de Gaspé, avait également fait l'objet d'une étude approfondie par une équipe de deux architectes-paysagistes engagés par le B.A.E.Q. Leur rapport, déposé en juillet 1966, proposait un parc d'environ 260 km2 comprenant des attraits d'intérêt archéologique, historique et culturel.

Le groupe d'étude A.R.D.A.-Parcs nationaux notait que les paysages de la région de Gaspé offraient certaines similitudes avec ceux de l'Île-du-Prince-Édouard et ceux de l'île du Cap-Breton, qui tirent leur charme de la proximité de la mer et de la présence de pittoresques villages de pêcheurs. Si l'on pouvait maintenir le caractère traditionnel des principaux villages de pêcheurs et assurer la préservation des paysages agro-forestiers si typiques de la région, la péninsule de Forillon pourrait devenir l'un des plus remarquables parcs nationaux.

Changements dans l'administration gouvernementale

Les changements qui affectent en 1968 le gouvernement et l'administration des parcs nationaux ont des incidences notoires sur la création des futurs parcs au Québec. Arthur Laing, ministre responsable des parcs nationaux, est nommé ministre des Travaux publics le 5 juillet et est remplacé par Jean Chrétien, député de Saint-Maurice et ancien ministre du Revenu national. J.R.B. Coleman quitte son poste de directeur des parcs nationaux et historiques en avril 1968 pour prendre sa retraite et est remplacé par John I. Nicol. Jean Charron, chef du Service des parcs nationaux, devient directeur-adjoint responsable des parcs nationaux.

Originaire de Shawinigan au Québec, avocat, sportif et fervent du plein air, Jean Chrétien s'avouait lui-même un partisan convaincu de la création et de l'essor des parcs nationaux. Il était parfaitement au courant des démarches entreprises dans le passé pour que le Québec soit représenté au sein du réseau des parcs nationaux; son arrivée au cabinet fédéral, à titre de porte-parole d'une région qui offrait elle-même le potentiel requis pour accueillir un parc national, devait se révéler un atout décisif dans l'atteinte de cet objectif.

Dans une série de discours devant ses commettants et le public en général, Jean Chrétien souligne le rôle joué par les parcs nationaux dans la conservation. Au colloque annuel de l'Association de chasse et pêche du lac Saint-Jean, tenu à Saint-Félicien en novembre 1968, il plaide avec éloquence la cause des parcs nationaux qu'il souhaite voir se multiplier non seulement dans sa propre province, mais à travers le Canada tout entier. Il déclare que si l'on veut répondre à la demande prévisionnelle en matière de loisirs de plein air sans compromettre le programme de conservation des ressources, il faudra aménager de 40 à 60 nouveaux parcs nationaux avant 1985. Il caressait l'espoir que cinq à dix de ces parcs seraient établis au Québec.


Entente fédérale-provinciale A.R.D.A.

Grâce à l'aide et au soutien apportés par les administrateurs du programme A.R.D.A., une entente est signée le 26 mai 1968 par les représentants des gouvernements du Canada et du Québec. L'entente était axée sur la promotion du développement économique de la région du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine. Le document est ratifié, au nom du Québec, par le premier ministre Daniel Johnson et, au nom du Canada, par l'honorable Maurice Sauvé, ministre des Forêts et de l'Aménagement rural. Aux yeux des gestionnaires du programme des parcs nationaux à Ottawa, la clause la plus intéressante de l'entente était la suivante :

... Le Canada entreprendra l'aménagement d'un parc dans la péninsule de Forillon. Les terrains seront achetés par le Québec et loués à titre gracieux au Canada pour une période et dans des conditions jugées acceptables par les deux parties.

Fort de cet engagement, l'honorable Jean Chrétien peut jeter les bases d'un véritable dialogue avec le gouvernement du Québec en vue de la création d'un parc national. Un autre pas en avant est accompli lorsque l'honorable Gabriel Loubier, ministre québécois du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, s'entretient, le 19 septembre 1968, avec M. Chrétien dans le bureau de ce dernier à Ottawa. Après une heure d'échanges animés, où M. Chrétien s'évertue à démontrer les avantages que retirerait le Québec de la création d'un parc national, les hauts-fonctionnaires des deux gouvernements rejoignent les deux ministres qui leur communiquent les fondements de l'accord de principe qu'ils viennent ensemble de conclure.

En résumé, les ministres s'entendaient sur le fait qu'au moins un, et de préférence deux ou trois parcs, devaient être créés au Québec. Tout reposait sur un compromis voulant que les territoires visés en vue de la création d'un parc soient concédés à bail pour une durée de 99 ans, M. Loubier ne pouvant s'engager à céder la propriété définitive des terrains au gouvernement fédéral. À la fin du bail, ce dernier pourrait être renouvelé ou bien l'administration et le contrôle du parc seraient transférés au gouvernement provincial, avec toutefois la garantie que le parc conserverait sa vocation. La gestion et le fonctionnement du parc de même que les services et les équipements offerts refléteraient la dualité linguistique du Canada et plus particulièrement le caractère culturel distinctif de la région et de la province.

Les fonctionnaires du ministère des Affaires indiennes et du Nord rédigent un protocole d'entente qui est commenté par les représentants du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche du Québec, puis soumis à ce dernier pour analyse et commentaires ultérieurs en outre, les fonctionnaires des deux organismes participent ensemble à une reconnaissance du terrain afin de définir les limites du nouveau parc.

Entente sur le parc de Forillon

L'année 1969-1970 est très occupée pour les fonctionnaires de la Direction des parcs nationaux qui négocient avec leurs homologues du Québec. C'est Jean Charron, directeur général adjoint des parcs nationaux, qui assure la plupart des contacts. M. Charron maîtrisait parfaitement les deux langues officielles et connaissait assez bien les préoccupations politiques et la personnalité des hauts-fonctionnaires du Québec prenant part aux négociations. Les fonctionnaires des parcs nationaux effectuent des visites dans la péninsule de Forillon et ont des échanges avec les fonctionnaires du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.

Le 16 avril 1969, Jean Chrétien, ministre responsable du réseau des parcs nationaux du Canada, prend la parole devant les membres enthousiastes de la Chambre de commerce de Gaspé et mentionne les démarches qu'il a entreprises pour en arriver à un accord avec le gouvernement du Québec au sujet de la création d'un parc national dans la péninsule de Forillon. M. Chrétien mettait l'accent sur l'importance d'un parc national pour la région qui, selon lui, inciterait les visiteurs à demeurer plus longtemps dans la région et stimulerait également l'industrie touristique locale.

Le 21 mai 1969, M. Chrétien annonce enfin officiellement que les gouvernements du Canada et du Québec en sont arrivés à un accord sur la création du premier parc national dans cette province. M. Chrétien déclare :

... la province de Québec mettra le territoire du « parc de Gaspé » à la disposition du gouvernement du Canada pour une période de 99 ans. L'accord stipule également que la province de Québec aura le droit de reprendre possession du parc après 60 ans, moyennant le remboursement de toutes les dépenses d'immobilisation engagées par le gouvernement fédéral au cours de la période de 60 ans. Dans les deux cas, le gouvernement du Québec est d'accord pour que le territoire concerné soit utilisé en tant que parc et à des fins de conservation à perpétuité. Cet accord est renouvelable sur entente des deux parties.


Confirmation de la politique

Le fait que l'accord stipule une période déterminée d'occupation du parc plutôt qu'un transfert définitif du territoire par la province intrigue le chef de l'opposition, l'honorable Robert L. Stanfield, qui demande si la politique relative aux parcs nationaux a été modifiée. Le 30 mai 1969, M. Stanfield demande au gouvernement s'il est prêt désormais, advenant la création de nouveaux parcs nationaux, à offrir à toutes les provinces un accord aux mêmes conditions que celui que le ministre vient de signer avec le Québec concernant le parc national de Forillon. M. Chrétien répond : « Nous n'avons nullement l'intention de changer notre politique des parcs ou de signer de nouveaux accords du même type et le gouvernement fédéral est de toute façon légalement propriétaire des terrains de la péninsule de Forillon. »

Le même jour, le premier ministre Trudeau explique que la province de Québec avait insisté, en vertu des conditions de l'accord A.R.D.A., pour que le transfert du territoire concerné ne porte que sur une période déterminée. Il déclare : « Parlant au nom du gouvernement, je n'ai pas l'intention de signer de nouveaux accords avec les provinces, y compris le Québec, incluant ce type de clause. »

Signature de l'accord officiel

Le travail soutenu entrepris par les fonctionnaires des deux ordres de gouvernement permet néanmoins la conclusion d'un accord officiel confirmant le 8 juin 1970 la création du premier parc national au Québec. Cette entente, qui crée le parc national de Forillon, fut signée, au nom du Canada, par Jean Chrétien, ministre des Affaires indiennes et du Nord et, au nom du Québec, par Mme Claire Kirkland Casgrain, ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche ainsi que par M. Gérard D. Lévesque, ministre des Affaires intergouvernementales.

On était conscient qu'il serait nécessaire de relocaliser un nombre assez élevé de résidants locaux du fait que la création et l'aménagement du nouveau parc nécessitaient l'acquisition de nombreuses propriétés privées. Le 17 juillet 1970, l'Assemblée nationale du Québec vote donc la Loi sur le parc de Forillon permettant au gouvernement de la province de se porter acquéreur de tous les terrains nécessaires. Les titres fonciers du parc sont déposés au Bureau d'enregistrement de Percé au nom du gouvernement du Canada, le 22 juillet 1970, et sont officiellement acceptés par autorisation du gouverneur en conseil du Canada, le 27 juillet 1971. Le 7 mai 1974, lorsqu'un certain nombre de modifications à la Loi sur les parcs nationaux reçoivent la sanction royale, une description du territoire du parc de Forillon est jointe à l'annexe de la loi.

À la recherche d'autres territoires pour un parc

En avril 1969, il est évident que la population a accepté l'idée de créer un autre parc national dans la région de Shawinigan; au cours des mois qui suivent, diverses propositions émanant de nombreuses municipalités et chambres de commerce sont adressées au bureau du ministre des Affaires indiennes et du Nord. Le 30 mai 1969, le Congrès des maires des municipalités du centre du Québec, qui se déroulait à Trois-Rivières, adopte une résolution incitant le gouvernement du Québec à conclure une entente avec les autorités fédérales en vue de la création d'un parc national dans la vallée du Saint-Maurice. Le 21 juin 1969, un comité est constitué à Shawinigan afin de promouvoir la création d'un parc national dans la région de La Mauricie.

Une étude est entreprise pour vérifier si la région située au nord de Shawinigan et de Grand-Mère, au coeur de La Mauricie, répond bien aux critères qui régissent la sélection des parcs nationaux. L'étude porte sur un périmètre de quelque 518 km2 compris à l'ouest du Saint-Maurice, au sud de la rivière Mattawin, à l'est du lac Wapizagonke et au nord-ouest de la ville de Grand-Mère. Cette région est fort représentative des paysages de lacs, de rivières, de montagnes et de vallées qui caractérisent le plateau laurentien.

Jean Chrétien, ministre responsable de la gestion des parcs nationaux, accompagné de son sous-ministre adjoint, John Gordon, et de Denis Major, planificateur des parcs nationaux, entreprend une brève reconnaissance aérienne de la région englobant une partie des comtés de Champlain et de Saint-Maurice. L'appareil survole plusieurs petits lacs au nord de Grand-Mère, continue sa route en suivant le Saint-Maurice jusqu'à sa confluence avec la rivière Mattawin et remonte ensuite cet affluent sur quelques kilomètres. L'appareil oblique vers le sud-est et passe au-dessus d'une mosaïque de lacs dont le lac des Cinq ainsi que les lacs Edouard, Isaïe, à la Pêche et des Piles. Le groupe se rend également en automobile au lac Perchaude, au lac à la Pêche et au lac à la Truite. Cette brève visite confirme l'impression que la région rassemble toutes les qualités requises pour devenir un parc national.

Possibilités d'échange de terrains

Dans le milieu des années soixante, le Service canadien de la faune, alors rattaché à la Direction des parcs nationaux, s'activait, à travers tout le Canada, à maintenir les populations d'oiseaux aquatiques migrateurs, en achetant ou en louant des étangs et des marécages. En 1969, cet organisme, soucieux de protéger l'habitat de la grande oie blanche, s'était porté acquéreur d'environ 2350 ha de terrain dans la région du cap Tourmente, située sur la rive nord du Saint-Laurent à environ 50 km à l'est de Québec.

Par la suite, Hydro-Québec fait savoir au Service canadien de la faune qu'elle souhaite acquérir un terrain dans ce secteur dans le but d'améliorer son réseau et ses services régionaux. L'honorable Jean Chrétien demande l'avis du premier ministre à ce sujet. M. Trudeau émet l'opinion qu'il serait peut-être intéressant dans les circonstances, d'étudier avec le Québec la possibilité de conclure un échange de terrains : une partie de la propriété fédérale du cap Tourmente, jugée non essentielle à la réserve mais convenant parfaitement aux besoins d'Hydro-Québec, pourrait être échangée contre un territoire situé ailleurs dans la province et répondant aux critères d'établissement d'un parc national. Le premier ministre est cependant clair : il ne fera aucun compromis quant au transfert du territoire et l'échange devra être conclu sur la base des conditions usuelles appliquées aux parcs nationaux dans toutes les autres provinces.

Discussions à Québec

Le 23 juillet 1969, l'honorable Jean Chrétien rencontre l'honorable Gabriel Loubier, ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, dans le bureau de ce dernier à Québec. Après une longue discussion, M. Loubier consent à échanger le terrain du cap Tourmente contre le territoire de la région des rivières Saint-Maurice et Mattawin, jugé apte à l'établissement d'un parc national. M. Loubier déclare qu'il serait préférable que M. Chrétien parvienne au préalable à une entente avec la ville de Shawinigan portant sur l'inclusion, à l'intérieur des limites du futur parc, du lac à la Pêche, source d'alimentation en eau de la ville. Il fallait, en outre, que M. Chrétien obtienne de la Compagnie Consolidated-Bathurst un accord de principe pour créer un parc national sur un territoire où cette compagnie de pâtes et papiers jouissait déjà d'un droit de coupe concédé par bail.

Le 14 août 1969, le sous-ministre intérimaire J.H. Gordon informe J.I. Nicol, directeur des parcs nationaux, que M. Chrétien a obtenu du maire de Shawinigan une copie de la lettre adressée à M. Loubier à l'effet que la municipalité est prête à céder ses droits sur le lac à la Pêche et ses environs pour l'établissement d'un parc national. Le ministre avait également reçu du vice-président de la Consolidated-Bathurst une lettre indiquant que la compagnie consentait à renoncer à ses privilèges de coupe dans une zone de la région du Saint-Maurice qui serait incluse dans le parc national.

Rencontres avec la compagnie de pâtes et papiers

En septembre 1969, l'honorable Jean Chrétien demande qu'on lui présente un bref rapport ayant trait aux ressources ligneuses et à la production des pâtes et papiers dans la région envisagée pour le parc de La Mauricie, ainsi qu'un rapport sur les conséquences éventuelles pour la compagnie Consolidated-Bathurst de l'abrogation de ses privilèges de coupe. Cette demande est à l'origine de réunions entre des membres de la Direction des parcs nationaux et quelques délégués de la compagnie. La première a lieu à Ottawa le 8 octobre et la seconde à Grand-Mère le 24 octobre 1969. Les représentants de la compagnie font valoir que les droits de concession constituent un actif d'une valeur d'environ 600 $ le kilomètre carré de terrain concédé et que si la compagnie réduit une partie de ses activités dans la vallée du Saint-Maurice, il en résultera une perte annuelle de deux millions de dollars pour l'économie locale.

J.B. McLeod, vice-président de la division des forêts de la Compagnie Consolidated-Bathurst, propose que le gouvernement considère la possibilité d'opter pour un autre territoire, situé à l'est de celui envisagé et qui était alors concédé à la compagnie Domtar Ltée.

Les discussions avec les représentants de la compagnie de pâtes et papiers révèlent que la compagnie possède un droit de coupe sur environ 25 km2 à l'intérieur du territoire proposé, que la concession forestière de la compagnie alimente quatre moulins à papier et qu'une station forestière expérimentale occupe 12 km2 à l'intérieur du « parc ». Les porte-parole de la compagnie expriment également le souhait que l'on envisage un parc à utilisation multiple mais les représentants des parcs nationaux expliquent que cette forme de gestion est interdite aux termes de la Loi sur les parcs nationaux.

À la lumière des informations obtenues lors des réunions avec les représentants de la Consolidated Bathurst, John Carruthers souligne dans son rapport que les limites envisagées à l'origine pour le parc seront peut-être difficiles à justifier si l'on ne prend pas la peine d 'examiner d'autres secteurs. Il suggère également, advenant que le territoire proposé à l'origine reste le même, qu'on envisage de retirer à la compagnie ses privilèges de coupe ainsi que les secteurs où elle a entrepris un reboisement. Il recommande enfin qu'on autorise la compagnie à poursuivre ses activités de flottage de bois sur les rivières Saint-Maurice et Mattawin.

Préparation d'un projet d'entente formel

Entretemps, un conseiller juridique du ministère des Affaires indiennes et du Nord avait rédigé une ébauche d'entente entre le gouvernement du Canada et le gouvernement du Québec concernant le transfert et le contrôle de divers territoires décrits en annexe à son document. L'entente prévoyait un transfert inconditionnel des territoires québécois au gouvernement canadien, contenait un engagement des deux parties à interdire tout projet d'exploration ou d'exploitation minière, à protéger les eaux contre toute pollution et à empêcher toute altération du débit ou de la qualité des eaux traversant le parc ou s'y trouvant. Le document comprenait enfin toutes les dispositions relatives au transfert au Québec de certains terrains situés dans la réserve faunique du cap Tourmente.

Jean Chrétien fait parvenir l'ébauche de l'entente à Gabriel Loubier le 4 novembre 1969. M. Loubier répond qu'il espère que le document sera présenté au cabinet québécois pour étude et discussion la semaine suivante.

Recherche d'autres secteurs

La proposition des mandataires de la Consolidated-Bathurst à l'effet qu'on étudie un autre territoire pour former le parc national de La Mauricie n'avait pas nécessairement été rejetée. En fait, un important groupe de pression, appuyé par le conseil municipal de La Tuque et soutenu par d'autres municipalités, s'était constitué en faveur du choix d'un territoire situé à l'est du Saint-Maurice. Le 4 février 1970, John Carruthers, du Service de la planification des parcs nationaux, accompagné de Gérald Lee, effectue un vol de reconnaissance au-dessus d'une région sise au nord-est de Grand-Mère et du Saint-Maurice. Malgré des conditions atmosphériques défavorables, ils survolent les trois quarts d'une vaste région de plus de 1300 km2 et en évaluent sommairement le potentiel à des fins de parc national. La région explorée comprenait deux immenses lacs, le lac Mekinac et le lac du Missionnaire, et les paysages étaient typiques des reliefs arrondis du socle laurentien, dont l'élévation est d'environ 300 m au-dessus du niveau de la mer. Les droits de coupe sur la plus grande partie de ce territoire étaient concédés à deux importantes compagnies papetières, dont on avait d'ailleurs pu observer l'un des camps d'exploitation forestière.

Le niveau des eaux de quelques lacs d'importance mineure était maintenu artificiellement à l'aide de barrages, dont neuf purent être repérés. Un petit village regroupant environ 400 habitants, Saint-Joseph-de-Mékinac, dressait son clocher au coeur même de la région explorée. L'emprise d'une ligne hydro-électrique dessinait une longue cicatrice dans la partie est du territoire que traversait, au surplus, une voie ferrée rejoignant La Tuque. Des chalets peuplaient les rives de certains lacs et on pouvait distinguer quelques plages sablonneuses. La plupart des chemins forestiers qui avaient été aménagés par la Compagnie internationale de papier avaient été ouverts au public et on retrouvait même, çà et là, des aires de pique-nique. En somme, bien que le territoire semblait offrir un potentiel intéressant à l'égard de la récréation de plein air, les activités d'exploitation déjà en place et l'utilisation des lieux par le public n'étaient pas sans causer des problèmes qui écartaient, à toutes fins pratiques, la possibilité de créer dans cette région un parc national.

Délais dans la conclusion de l'entente

Les espoirs du gouvernement fédéral de voir se conclure rapidement le projet d'entente soumis à Gabriel Loubier furent vains. Lors d'une réunion tenue à Québec le 23 février 1970, Jean Chrétien et les fonctionnaires de son ministère discutent avec les ministres du gouvernement du Québec de certaines questions qui semblent encore faire obstacle à la création de parcs nationaux dans la province. L'honorable Marcel Masse rappelle à cette occasion que le gouvernement du Québec a approuvé le principe de la création d'un parc national en Mauricie mais que la localisation exacte du parc reste encore à préciser. Masse ajoute que le Québec rendra caducs les permis accordés pour la prospection minière et que les territoires seront libres de toute servitude lors de leur transfert au gouvernement canadien. Le 19 avril 1970, l'honorable J.-J. Bertrand, premier ministre du Québec, écrit au premier ministre Trudeau pour lui confirmer que le gouvernement du Québec a approuvé la création d'un parc national en Mauricie et qu'il a également informé de cette décision le président du Comité du parc national de La Mauricie, le 18 mars.

Nouvelles élections

À la fin de l'hiver 1970, des élections sont déclenchées au Québec et dans les comtés du centre du Québec, la création du parc national allait faire partie de l'enjeu électoral.

L'appel aux urnes du 29 avril 1970 signifie la défaite du gouvernement de l'Union nationale et le retour au pouvoir des libéraux. On reprend sans tarder les négociations avec le nouveau ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche dans le but de parachever l'entente sur le parc de La Mauricie. Le 2 juillet, l'honorable Jean Chrétien fait parvenir au premier ministre Trudeau une proposition d'arrêté en conseil, pour obtenir l'autorisation de conclure l'entente proposée avec le gouvernement du Québec. L'arrêté en conseil est approuvé le 8 juillet 1970.

Signature d'un accord pour le parc de La Mauricie

Le 22 août 1970, l'entente fédérale-provinciale sanctionnant la création d'un parc national dans la vallée du Saint-Maurice est signée à Saint-Jean-des-Piles, petite localité sise à une douzaine de kilomètres au nord-est de Grand-Mère. Le document est ratifié, au nom du Québec, par Mme Claire Kirkland Casgrain, nouveau ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche et, au nom du gouvernement canadien, par l'honorable Jean Chrétien.

La prolongation des négociations entre les fonctionnaires des deux gouvernements concernés a pour conséquence de retarder les procédures d'expropriation engagées par le Québec et qui devaient permettre l'acquisition des titres. On finit par s'entendre sur le fait que le lac à la Pêche et le terrain situé au sud-est seront inclus dans le parc; un projet de loi relatif à la création du parc de La Mauricie est déposé à l'Assemblée nationale en mars 1972. Le projet de loi est présenté en troisième lecture le 12 mai et reçoit l'assentiment du lieutenant-gouverneur le 16 mai 1972. La nouvelle loi autorise le lieutenant-gouverneur en conseil à donner au gouvernement du Canada la libre jouissance des territoires décrits à l'annexe A de la loi. Elle autorise également le ministre des Travaux publics du Québec à acquérir tout droit ou propriété se trouvant dans les limites du parc, par voie d'expropriation ou autre. Les documents afférents à l'expropriation des territoires concernés sont déposés au Bureau d'enregistrement de Shawinigan le 3 août 1972.

Le transfert officiel de l'administration, de la gestion et du contrôle du territoire du parc s'effectue par l'envoi de lettres adressées le 16 octobre 1972 et le 4 juillet 1973 par le ministre des Travaux publics au ministre des Affaires indiennes et du Nord du Canada, conformément aux lois de la province. L'inclusion du lac à la Pêche dans le parc est conditionnelle à la reconnaissance par le Canada du droit de la municipalité de Shawinigan de continuer à utiliser le lac pour son alimentation en eau. Les droits de la municipalité sur les eaux du lac seront inscrits ultérieurement dans une entente formelle conclue entre la municipalité et le gouvernement canadien.

En juin 1974, l'arpenteur général du Canada donne à l'arpenteur du Québec l'autorisation de refaire l'arpentage du périmètre des territoires englobant le parc national de La Mauricie suivant les normes d'arpentage de la province. Le plan révisé et la description des limites du parc sont complétés en mai 1975. Enfin, le 11 octobre 1976, après vérification des titres par un fonctionnaire du ministère de la Justice, le directeur du contentieux du ministère des Affaires indiennes et du Nord fait savoir au directeur général de Parcs Canada, J.I. Nicol, que les travaux d'arpentage et la nouvelle description des territoires concernés sont assez satisfaisants pour donner lieu à l'acceptation officielle des titres en vue de la création du parc national. L'autorisation d'acceptation est obtenue par le biais d'un arrêté en conseil daté du 9 décembre 1976.

Proclamation du parc national de La Mauricie

Ce texte de loi ouvrait la voie au parachèvement des dernières formalités. Celles-ci comprenaient, notamment, (a) le transfert à la province de Québec d'une partie de la réserve faunique du cap Tourmente, ainsi que le stipulait l'accord officiel d'août 1970, et (b) la déclaration publique de la création du parc national de La Mauricie sur des territoires cédés au Canada par le Québec. Le transfert des terrains du cap Tourmente a été réalisé par l'intermédiaire de l'arrêté en conseil C.P. 1977-1225, daté du 5 mai 1977. La déclaration publique, autorisée par un arrêté en conseil le 12 mai 1977, a été publiée dans la Gazette du Canada le 25 juin 1977 et dans les deux numéros suivants.

Les parcs nationaux de Forillon et de La Mauricie demeureront parmi les réalisations les plus remarquables de Jean Chrétien, député de Saint-Maurice au fédéral à titre de ministre des Affaires indiennes et du Nord. Le but qu'il s'était fixé de voir le Québec représenté au sein du réseau des parcs nationaux du Canada a été atteint grâce à son ingéniosité, sa ténacité, son jugement et sa force de persuasion.

On trouvera dans les pages qui suivent une description des parcs nationaux du Québec, ainsi que de leurs aménagements.


Le parc national de Forillon

La création du parc national de Forillon, en 1970, a étendu le réseau des parcs nationaux à la province de Québec et a permis d'assurer la protection, en tant que patrimoine national, d'une partie spectaculaire du paysage canadien bordant le golfe du Saint-Laurent. Le parc est situé au nord-est de la baie de Gaspé, connue sous le nom de péninsule de Forillon et en occupe la plus grande partie. Sa superficie est de 240 km2. L'intérieur du parc représente un exemple typique des montagnes gaspésiennes de la région, extrémité orientale de la chaîne des Appalaches, qui s'étend du sud des États-Unis à son extrémité nord-est, dans la péninsule de Forillon.

Longtemps avant que la création d'un parc national dans cette région soit considérée, la région gaspésienne était déjà très fréquentée par les touristes motorisés. L'achèvement du boulevard Perron (maintenant route 132), au milieu de l'année 1920, offrait 400 km de route entre Sainte-Flavie, située dans le Bas-Saint-Laurent, et la ville de Gaspé, située dans la baie de Gaspé.

La route longe, sur la plus grande partie du parcours, le fleuve et le golfe du Saint-Laurent, traverse de pittoresques villages de pêcheurs, grimpe des côtes fortement inclinées et plonge vers des criques sablonneuses ou de galets. Plus le visiteur s'engage vers l'est, plus le paysage devient spectaculaire. Les montagnes s'élèvent sur la droite, le littoral devient de plus en plus escarpé, et dans le lointain apparaissent les hautes falaises de calcaire de la péninsule de Forillon. Le voyage implique 880 km de route, pour contourner au complet la péninsule gaspésienne, et offre l'une des promenades motorisées les plus spectaculaires de l'est du Canada.

Histoire

Il semble que Gaspé soit un mot indien, probablement Micmac, signifant « fin des terres ». Il se réfère au cap rocheux proéminent qui apparaît le premier lorsque l'on entre dans le golfe du Saint-Laurent par le sud-est. Ce nom ne s'applique pas seulement au cap, appelé à l'origine par Jacques Cartier « Hunguedo », mais aussi à la baie et à l'ensemble de la péninsule.

Des recherches archéologiques ont révélé une présence humaine dans la péninsule gaspésienne des siècles avant que Cartier ne décrive la baie de Gaspé en 1534. On pense qu'il y a 10 000 ans, des groupes de chasseurs venant du sud et de l'ouest sont arrivés en Gaspésie et ont vécu de la chasse au gros gibier, probablement le caribou. Ils devaient également pêcher et cueillir des fruits sauvages. Des traces de cette occupation préhistorique ont été trouvées sur la péninsule Penouille dans la baie de Gaspé, sous la forme d'outils taillés dans la pierre.

Plus récemment, l'histoire de la Gaspésie a été irrévocablement liée à l'industrie de la pêche pour laquelle elle est célèbre. Les voyages relatés en Amérique du Nord par Cabot en 1497, Verrazano en 1524, et l'atterrissage de Cartier dans la baie de Gaspé en 1534 ont conduits les pêcheurs européens à explorer les côtes de Terre-Neuve, de l'Acadie et du golfe du Saint-Laurent. Pendant des années, cependant, relativement peu de pêcheurs passent l'hiver au Canada, où ils salent et sèchent la morue le long des côtes avant de retourner chez eux avant l'arrivée de l'hiver.

Des premiers navigateurs, Jacques Cartier est le plus connu. Sous l'autorité et le financement de François Ier, roi de France, Cartier s'embarque vers l'est, de Saint-Malo le 30 avril 1534 à la découverte d'une route vers les Indes. Il accoste à Terre-Neuve au milieu du mois de mai, puis franchit le détroit de Belle-Isle pour entrer dans le golfe du Saint-Laurent. Le 24 juillet 1534, Cartier aborde près de l'actuelle ville de Gaspé et, en présence d'un groupe d'Indiens, prend possession de ces terres, au nom du roi, en dressant une croix en bois de 9 m de hauteur, aux armes du roi de France. Quatre siècles plus tard, le même jour, le Service des parcs nationaux du Canada a érigé une croix pour commémorer l'arrivée de Cartier. De 9 m de hauteur et taillée d'une seule pièce dans le granit du Vermont, elle domine le port de la ville de Gaspé.

Occupation par les Indiens

Bien que les Indiens rencontrés par Jacques Cartier en 1534 lorsqu'il prend possession des terres au nom du roi de France aient été des Iroquois et des Hurons, les premiers résidants de la Gaspésie étaient des Micmacs, qui faisaient partie de la confédération des Algonquins. Ils venaient régulièrement, lors d'expéditions d'été, pêcher sur les riches bancs de poisson de la péninsule gaspésienne. Peuple migratoire typique, les Micmacs chassaient dans les bois en hiver, se déplaçant au printemps vers la côte pour ramasser des coquillages et pêcher à l'embouchure des rivières. Des villages Indiens existent encore à Restigouche, Carleton, Maria et Gaspé. Un campement indien présumé est situé à Anse-aux-Sauvages sur la péninsule de Forillon.

La pêche à la morue

Avant le premier voyage de Jacques Cartier en Amérique du Nord, le golfe du Saint-Laurent et la région gaspésienne étaient peu connus. Bien que les premiers entrepreneurs attendaient autant du commerce des fourrures que de la pêche, l'abondance de la morue en fit la principale source économique de la région.

Pendant plus d'un siècle, les activités de pêche des Européens avaient un caractère saisonnier. Les vaisseaux utilisés pour la pêche à la morue le long des côtes de la Gaspésie avaient besoin d'être d'une taille assez considérable. En plus des pêcheurs, ils devaient transporter, sans compter l'attirail de pêche, les chaloupes et de grandes quantités de sel, et pour six mois de nourriture. Le seul supplément au régime des navires provenait de petits potagers plantés sur le rivage, du gibier occasionnellement chassé, et évidemment de la morue et du maquereau.

La pêche à la morue et d'autres espèces de poissons le long des côtes gaspésiennes remonte aussi loin que 1542, lorsque Jean Alphonse, pilote de Roberval, commenta l'abondance et la qualité des espèces que l'on y rencontraient. La France possédait un excellent marché pour le poisson et les grandes quantités de sel requises pour ce que l'on appelait la morue verte (morue salée, mais non séchée). Ce salage impliquait que la morue soit salée à bord du bateau mère qui repartait vers son port d'origine quand il était plein. Il était également possible de faire sécher la morue à terre, ce qui réclamait moins de sel et laissait de la place à bord des cales pour la morue salée. Les morues pêchées le long des côtes gaspésiennes étaient généralement plus petites que celles pêchées à Terre-Neuve et par conséquent plus facile à sécher.

Les pêcheurs mettront beaucoup de temps avant de former des colonies sédentaires dans la région de Gaspé. Le séchage du poisson sur les rives bordant la côte gaspésienne réduisait la nécessité de transporter de grandes quantités de sel de France, et donnait plus de place dans les cales pour charger du poisson à destination de l'Europe. Peu à peu, des villages de pêcheurs sédentaires s'installent à différents endroits autour de la baie de Gaspé, le long du golfe et vers le sud à Percé, Grande Rivière, Pabos, Port Daniel et Paspébiac.

Le régime français de Gaspé tombe au cours de la guerre de Sept ans. La résistance française à Louisbourg sur l'île du Cap-Breton est vaincue par Wolfe et Amherst en juillet 1758. Au début de septembre, le général Wolfe et une flotte d'au moins 15 navires entre dans la baie de Gaspé et détruit les villages. Environ 6 000 quintaux de poissons sont détruits, quatre goélettes et 200 chaloupes sont saisies et la plupart des 300 habitants sont renvoyés en France via Louisbourg.

Bien que la pêche ne soit plus aussi florissante qu'au 19e siècle pour les résidants de la Gaspésie, elle reste l'activité principale des villages installés le long de la côte du golfe. La plupart des prises qui comprennent la morue, le saumon et le hareng, sont péchés à l'aide de gros bateaux communément appelés senneurs, palangriers ou péchant à la drague, et sont traités et commercialisés à partir de centres tels que Rivière-au-Renard, Paspébiac et Grande Rivière. D'autres industries comme l'agriculture, la coupe de bois et le tourisme, viennent en aide aux résidants en leur fournissant des emplois.


Préservation des villages de pêcheurs

La limite du parc le long de la côte nord-est de la péninsule gaspésienne a été tracée à environ 2 km de la côte du golfe du Saint-Laurent. Cette décision a permis de conserver huit villages établis depuis fort longtemps entre Rivière-au-Renard et Cap-des-Rosiers. Près de Trait-Carré, la limite descend jusqu'à la route 132 pour permettre de recevoir les visiteurs du parc venant de l'ouest.

Une ceinture de terre bordant les rives de la baie de Gaspé, qui réunit une ligne presque continue de villages, a été également exclue du parc. Dans la partie sud-est du parc incluant la péninsule de Penouille, les propriétaires ou occupants des terres et des bâtiments à l'intérieur des villages de Cap-des-Rosiers Est, Petit-Gaspé, Grande-Grève, Anse-aux-Sauvages et Cap-Gaspé, ont été invités à évacuer les lieux après avoir été expropriés par le gouvernement du Québec. Les projets d'aménagement du parc suggéraient, cependant, de garder et de rénover, là où c'était nécessaire, un certain nombre de bâtiments, dont une ancienne église. Quelques-uns de ces édifices sont utilisés par les services d'interprétation du parc. Les résidants déplacés ont reçu une compensation pour leurs terres et leurs bâtiments de la Province de Québec. À une exception près, les noms de toutes les communautés expropriées ont été conservés. La région entourant le principal centre d'activité des visiteurs, jadis situé dans la communauté de Cap-aux-Rosiers Est, a été rebaptisée Le Havre.

Évacuation des résidants

Avant de pouvoir entreprendre les principaux aménagements du parc national de Forillon, il fallait procéder à l'évacuation des résidants qui occupaient le territoire récemment créé du parc. Dans l'ensemble, 2500 parcelles de terrain étaient impliquées, et un peu plus de 205 familles étaient affectées. En vertu des clauses de l'entente fédérale-provinciale pour la création du parc, le gouvernement provincial devait acquérir les titres fonciers du parc au nom du Canada, en versant des compensations pour les terres concernées. Toutes les terres détenues par des particuliers ont été évaluées avec précision par des évaluateurs professionnels engagés par la province et les compensations ont été faites d'après les évaluations reçues.

En plus d'une compensation monétaire pour les terres et les bâtiments expropriés, les anciens résidants reçurent une subvention de relocalisation allant jusqu'à 2000 $. Un grand nombre de propriétaires résidants expropriés ont pu obtenir des emplois à Gaspé et Rivière-au-Renard. Un peu plus tard, des unités modernes d'habitation à prix modiques furent construites par la province à Gaspé, Cap-des-Rosiers et Rivière-au-Renard et mises à la disposition de 110 familles.

Première planification du parc

Bien que l'entente formelle entre le Canada et le Québec concernant la création du parc national de Forillon n'ait pas été signée avant 1970, les préparatifs en vue de son aménagement ont été entrepris par Parcs Canada à la suite de l'annonce à la Chambre des communes, par l'honorable Jean Chrétien, en mai 1969, qu'une entente de principe avait été atteinte.

Un plan directeur préliminaire a été préparé qui décrivait en détail le concept d'aménagement du parc de Forillon. Il portait sur la conservation des ressources, la définition des principales zones d'utilisation et de leur aménagement, le transport à l'intérieur du parc, les services touristiques requis, et l'interprétation du parc. L'utilisation future du territoire était conçue de façon à regrouper différentes régions dans des classes spéciales afin de protéger leurs éléments naturels et culturels. Ces classes comprenaient (1) la protection particulière de régions contenant une faune et une flore uniques; (2) des régions sauvages de loisirs avec des accès limités aux systèmes de transport non-motorisés; (3) des régions écologiques naturelles utilisées comme zones tampons entre les régions protégées et celles qui seraient aménagées; et (4) une région orientée vers les loisirs de plein air en général. Ainsi, les terres faisant partie de la classe 1 seraient restreintes à l'interprétation, l'étude et l'observation et celles de la classe 2 à l'interprétation, la randonnée, les promenades à cheval, la pêche et l'observation de la nature. Les terres faisant partie de la classe 3, régions écologiques naturelles, permettraient l'interprétation et des activités extérieures telles que le camping, les pique-niques, le canotage, la natation, la pêche et l'utilisation des principaux corridors routiers. Les terres de la classe 4 étaient destinées à servir de zones de loisirs et à offir des centres d'activités touristiques.

Plan conceptuel

Le plan conceptuel proposait cinq centres touristiques principaux. Ils étaient situés à Cap-aux-Rosiers Est sur la côte bordant l'estuaire, et rebaptisé depuis Le Havre, où se trouverait le principal centre touristique. Sur la baie de Gaspé, Petit-Gaspé deviendrait le sous-centre de Le Havre, et Cap Bon-Ami, Grande Anse et la péninsule de Penouille étaient choisis comme centres d'activités secondaires. Le plan envisageait également la construction d'une route touristique donnant accès à des belvédères, terrains de pique-nique et sentiers de randonnée. Des services de transport étaient également suggérés, pour faciliter le déplacement des visiteurs d'un point central vers des sites clés et également pour réduire le besoin de voies publiques principales. La vie en plein air devait être améliorée par l'aménagement de terrains de camping, de sentiers de randonnée et de zones de pique-nique.

Audiences publiques

Des dossiers d'information, comprenant la copie du plan d'aménagement préliminaire, avec cartes et plans à l'appui, ont été mis à la disposition du public par Parcs Canada pour discussion et étude lors d'assemblées publiques tenues à Gaspé le 17 novembre et à Rimouski le 19 novembre 1971. Les recommandations faites à ces audiences ou contenues dans les mémoires ou les lettres reçues d'individus ou d'organisations, ont permis d'apporter plusieurs changements au plan préliminaire. À la suite de l'étude de toutes les suggestions ou objections, un plan directeur révisé d'aménagement pour le parc de Forillon a été réalisé.

La décision de ne pas entreprendre la construction d'une nouvelle route touristique, entièrement dans les limites du parc, est l'une des modifications majeures du plan d'aménagement. En réponse à la demande de différents groupes de l'Anse-au-Griffon et de Cap-des-Rosiers, il a été décidé de relocaliser des parties de la route Laurencelle reliant Cap-des-Rosiers sur le golfe à Cap-aux-Os sur la baie de Gaspé, et de la reconstruire entièrement. Une autre décision a été la fermeture, en tant que voie publique, de la route secondaire entre Anse-au-Griffon et un point situé sur la baie de Gaspé à l'est de Penouille. Cette route est aujourd'hui utilisée comme route de service et voie à usages multiples, interdite à la circulation motorisée, et permet de maintenir la région qu'elle traverse dans sa sauvagerie.

Premier aménagement

L'aménagement du parc national de Forillon commence en 1970. Robert Marois, un fonctionnaire bilingue de la division des parcs nationaux et historiques d'Ottawa, est nommé directeur du parc. Il installe les bureaux administratifs du parc dans la ville de Gaspé et commence le recrutement de gardes, d'agents d'interprétation et de personnel de support.

L'installation de services tels que des campings et des zones de pique-nique reçoit la priorité. Des terrains de camping sont installés à Cap Bon-Ami, à quelques kilomètres à l'est de Le Havre sur la rive du golfe, à un endroit où existait auparavant un terrain de camping provincial, à Petit-Gaspé et sur la baie de Gaspé. Une zone d'utilisation diurne, permettant de se baigner et de pique-niquer est également aménagée sur la péninsule de Penouille. Un stationnement public d'environ 300 places est créé au nord de la péninsule de Penouille, d'où un transport par petit train permet d'accéder aux services diurnes.

Routes et sentiers

La relocalisation de la route 132 entre Le Havre (Cap-des-Rosiers Est) et la baie de Gaspé, maintenant appelée route Laurencelle, commence en 1972. L'aménagement d'un réseau de sentiers de randonnée est également entrepris, et les premières routes achevées sont celles qui mènent au cap Bon-Ami et au cap Gaspé.

On élabore aussi l'aménagement d'un programme d'interprétation. Des sentiers guidés attirent l'attention des visiteurs sur la flore, la faune et la géologie de la péninsule de Forillon. Le naturaliste du parc entreprend également des études, en dehors de la saison touristique, sur les oiseaux, les mammifères, la géologie, la couverture forestière et la survie de la faune marine.

Centres d'activités du parc

Les centres d'activités, ou centres touristiques, qui ont été aménagés le long de la principale voie publique du parc, la route 132, ou le long des routes secondaires attirent tout particulièrement les touristes. Ils sont dirigés par le personnel du parc qui connaît à fond les caractéristiques et les commodités disponibles, et sont en mesure de répondre aux questions et de fournir l'aide requise.

À Trait-Carré, à environ 4,5 km à l'est de Rivière-au-Renard, un centre d'accueil a été construit, où les visiteurs peuvent obtenir de l'information, des cartes, des brochures et des idées leur permettant de profiter pleinement de leur séjour dans le parc. Le principal centre d'activités du parc. Le Havre, offre un grand nombre d'attraits. Un port abrité permet aux bateaux de pêche de s'ancrer le long de quais modernes. Les visiteurs peuvent s'embarquer pour des excursions d'une journée sur des bateaux appartenant à l'entreprise privée, le long de la côte de la péninsule de Forillon jusqu'à son extrémité, cap Gaspé. Un stationnement adéquat est disponible et un terrain de camping moderne offre des services d'hébergement. Les zones diurnes, aménagées avec des toilettes et des tables, permettent de profiter pleinement des pique-niques.

Un nouveau centre d'interprétation, ouvert en 1983, est également situé au Havre sur un site particulièrement bien choisi. Il comprend une salle présentant des spectacles audio-visuels, et différentes expositions expliquant la géologie, la faune, la flore et la vie marine du parc et de la péninsule de Forillon. Il sert également de point de départ pour un tour guidé le long de la falaise escarpée, organisé par le personnel d'interprétation du parc.

Érosion de la péninsule de Forillon

Au cours des siècles, l'aspect physique de la péninsule de Forillon a subi de profondes modifications. À environ 2 km au sud-est de Le Havre, cette presqu'île orientale de la péninsule gaspésienne se rétrécit en un promontoire, où de hautes falaises s'élèvent en certains endroits à 235 m au-dessus du niveau de la mer. Dans son livre La Gaspésie, Alfred Pelland, déclare que Le Forillon est le reste d'une montagne qui s'est effondrée dans la mer en 1851. Un phare situé à la pointe sud qui permet aux marins de franchir ce gigantesque promontoire, attire inévitablement les regards.

Cap Bon-Ami

En suivant pendant 3 km la route en direction du sud-est, le long du golfe Saint-Laurent, on arrive au cap Bon-Ami, où un autre terrain de camping moderne a été installé. Cette région est très populaire parmi les randonneurs, pour lesquelles elle constitue le point de départ d'un sentier panoramique qui encercle le mont St-Alban. Caractéristique importante du paysage, ce mont est l'un des plus hauts sommets de la péninsule de Forillon et le sentier offre des points de vue à la fois sur le golfe et sur la baie de Gaspé au sud.

Petit-Gaspé

Petit Gaspé s'étend sur environ 4 km à l'est de la jonction de la route Laurencelle et de la route 132 sur la baie de Gaspé et est accessible par la route connue sous le nom de « route de la péninsule ». C'est l'un des plus anciens villages de pêche de la baie, et il attirait les touristes, bien avant la création du parc national. Les premiers colons de cette communauté sont venus des îles anglo-normandes et l'un de ses plus beaux vestiges est l'église anglicane St. Peter, une petite chapelle qui relie le passé au présent.

Une zone de stationnement, un terrain de camping moderne, et des zones de pique-nique offrent les commodités habituelles. Dans leur voisinage immédiat se trouvent une ancienne mine de plomb et un moulin à grains qui appartenaient à la famille Simon. Un amphithéâtre extérieur permet de projeter des films, de donner des causeries sur les caractéristiques écologiques et d'autres activités parrainées par le service d'interprétation du parc. Le ski est encouragé en hiver le long de la route de la péninsule et sur les sentiers adjacents.

Grande-Grève

À Grande-Grève, un des villages d'origine de la Gaspésie a été reconstitué pour illustrer le thème du parc national, Harmonie entre l'homme, la terre et la mer. On a restauré les anciennes habitations, les édifices commerciaux et les autres bâtiments qui faisaient partie du village d'origine. Cette réalisation permet de faire revivre, pour le plaisir des visiteurs, la vie d'autrefois à Grande-Grève. On peut découvrir quelle était alors l'existence d'un fermier-pêcheur qui devait survivre dans des conditions d'isolement extrêmes et dont l'activité principale était la pêche à la morue; on peut en apprendre davantage sur le monopole de la compagnie commerciale qui régnait sur la région et sur l'environnement physique, social et socio-économique de l'ancien village.

Grande-Grève offre un stationnement adéquat pour les véhicules, un quai où les bateaux peuvent s'amarrer, et de longues plages où il est possible de pratiquer la plongée sous-marine.

Anse-aux-Sauvages et Cap Gaspé

Après s'être promené parmi les bâtiments et les anciennes habitations de Grande-Grève, le visiteur peut terminer sa visite de la péninsule de Forillon par un tour qui le conduit au cap Gaspé, escarpé et proéminent.

Cette portion finale du voyage n'est accessible qu'à pied par le sentier de la péninsule. Une promenade d'environ 3 km conduit au phare qui n'est pas seulement le point oriental final de l'extrémité de la péninsule gaspésienne, mais qui guide aujourd'hui encore les vaisseaux naviguant dans le golfe ou entrant dans la baie de Gaspé, de nuit.

Fort-Péninsule

En retournant à l'ouest sur la route de la péninsule vers la route 132, le visiteur longe des terres en bordure de la baie de Gaspé qui, en raison de leur densité de population ont été exclues du parc. On entre à nouveau dans le parc juste à l'est de sa jonction avec la route de la vallée de l'Anse-au-Griffon, aujourd'hui fermée aux véhicules privés.

À environ 1,5 km à l'ouest de la limite du parc se trouve l'un des points les plus intéressants de la région : le Fort-Péninsule, une relique de la participation du Canada à la seconde guerre mondiale. Après la défaite de la France à l'été 1940, les plans de la défense de la côte Atlantique furent étendus.

En août 1940, une commission permanente mixte canado-américaine est formée. Lors d'une réunion de la commission à Ottawa le 27 août 1940, une recommandation pour renforcer la défense sous-marine et portuaire est adoptée, pour Halifax, Sydney et Shelburne en Nouvelle-Écosse et pour Gaspé au Québec. Gaspé devient alors un centre très important, dans l'esprit des planificateurs navals, car cette baie était propice à l'ancrage d'une flotte de vaisseaux de guerre anglais ou américains, dans l'éventualité où la Grande-Bretagne serait envahie.

Les installations de Fort-Péninsule comprenaient une partie de la base navale construite dans la baie de Gaspé au cours de l'été 1941 à Sandy Beach sur la rive sud du port intérieur de Gaspé, à 4 km à l'est de la ville de Gaspé. Deux batteries de défense fixes sont également construites, l'une au nord de la baie de Gaspé, juste à l'est de la pointe Penouille, l'autre sur la rive sud de la baie de Gaspé presque à l'opposé de la pointe de la péninsule de Forillon, et sont nommées respectivement Fort-Péninsule et Fort Prével.

Bien qu'elle n'ait jamais été attaquée, la base navale de Gaspé était un centre d'activité intense. Au cours de 1942, 23 navires ont été coulés dans le golfe Saint-Laurent par des sous-marins ennemis, dont deux navires de guerre. La base de Gaspé n'a pas seulement exercé un contrôle de la défense navale, mais a également contribué au sauvetage et aux soins des survivants des naufrages.

L'occupation de Fort-Péninsule cesse en juin 1945, à la suite de l'armistice. À l'exception de deux gros canons, toutes les installations de guerre ont été retirées. Les visiteurs du parc peuvent maintenant utiliser librement cet endroit comme zone de pique-nique, où sont installés des bancs, des tables et d'autres commodités diurnes.

Région de Penouille

La presqu'île de Penouille est l'une des plus belles plages de sable fin du parc. La température de l'eau est également plus chaude à cet endroit que partout ailleurs dans le parc. Des zones de jeu et un bâtiment de service y ont été aménagés. Les visiteurs peuvent utiliser des vestiaires et des toilettes, et un comptoir offrant des repas légers et de l'alimentation.

La pointe de Penouille, tout comme Anse-aux-Cousins de l'autre côté du port de Gaspé, servait comme site d'exploitation des baleines au XIXe siècle. Cette industrie a graduellement disparu de Gaspé, face au déclin des baleines dû à leur surexploitation, et du fait que depuis 1867 celle-ci n'est plus viable.

Le paradis des randonneurs

Une mention a été faite de quelques-unes des possibilités de loisirs qui s'offrent au visiteur du parc national de Forillon, en particulier de la natation, du bain et de l'exploration sous-marine. Pour les promeneurs, le réseau des sentiers qui a été aménagé dans l'ensemble du parc est très attirant. En plus des excursions le long des rives rocheuses et à pic de la péninsule de Forillon, les randonneurs peuvent prendre beaucoup de plaisir le long de sentiers sinueux et ombragés qui mènent aux collines ou régions montagneuses formant la partie ouest du parc. Ces excursions peuvent varier en longueur, suivant le goût personnel, de quelques kilomètres à des trajets d'une journée allant jusqu'à 31 km.


Conclusion

Le parc national de Forillon est un élément touristique clé de la péninsule gaspésienne, puisqu'il est situé à l'entrée stratégique de la route touristique Gaspé-Percé. Bien avant que cette région soit aménagée en parc national, la fréquentation annuelle des visiteurs présentait des augmentations révélatrices. Au cours de l'exercice 1974-75, plus de 300 000 visiteurs avaient été enregistrés, en 1978-79, la fréquentation annuelle du parc atteignait 650 000 visiteurs, et en 1980-81, près de 730 000 visiteurs étaient recensés. La réputation grandissante de l'exceptionnelle beauté du parc de Forillon devrait conduire un plus grand nombre de touristes à le fréquenter dans les années qui viennent.


Le parc national de La Mauricie

Contrastant avec le caractère escarpé de la côte de la péninsule de Forillon, le parc national de La Mauricie est un exemple typique de la région montagneuse laurentienne du Québec. Il a été créé en août 1970 afin de préserver, en qualité de patrimoine national, un exemple représentatif du bouclier laurentien. Le thème du parc est Héritage laurentien et ses nombreux lacs, ruisseaux et collines forment un contraste aigu avec les basses terres de la vallée du Saint-Laurent. Bien qu'il soit situé à égale distance entre Québec et Montréal, le parc est directement accessible de Trois Rivières, située à environ 50 km au sud. Sa superficie est d'environ 549 km2.

Le contour du parc ressemble à un énorme fer à cheval, la rivière Saint-Maurice formant sa limite est, les rivières Mattawin et Saint-Maurice ses limites nord, et sa limite ouest suivant une chaîne de lacs longs et étroits. Au sud, sa limite suit une ligne arquée, s'étendant au nord de la rivière Shawinigan vers un point sud du lac Écarté, puis du sud-est vers la limite sud du lac à la Pêche.

Trois grands corridors naturels se trouvent à l'intérieur du parc. D'abord (a) les vallées des lacs Wapizagonke et Anticagamac; puis (b) les vallées des lacs à la Pêche, Edouard et des Cinq; et (c) la vallée de la rivière Saint-Maurice. Les caractéristiques physiques du parc ont été sculptées au moment de la dernière période glaciaire, il y a environ 10 000 ans, qui a laissé des traces éloquentes dans les collines arrondies, les lacs transparents et les plages de sables. Bien qu'elle ait été traversée autrefois par des nomades, dont les Indiens, la région du parc n'a jamais été habitée de façon permanente et reste une oasis de paix et de tranquillité. Ses forêts présentent une grande variété de bois durs et de conifères, où se réfugie une faune variée et abondante. Entrecroisée par de nombreuses rivières et dotée d'une grande quantité de petites étendues d'eau, la région du parc semble n'avoir été conçue par la nature que pour des besoins de conservation et de loisirs.

Avant la création du parc, la compagnie de pâtes et papiers Consolidated Bathurst détenait un droit de coupe sur la plus grande partie de cette région, et alimentait de grands moulins à papier situés dans les villes de Grand-Mère et de Shawinigan. Plus d'une douzaine de clubs privés, la plupart étant des clubs de pêche, ont fonctionné entre 1890 et 1970, louant les terrains pour leurs bâtiments du gouvernement du Québec. Tous les intérêts privés dans le parc ont été éteints, bien que l'on ait conservé trois bâtiments, comme poste de garde, refuge public au lac Wabenaki et camp de jeunesse.

L'utilisation des terres du parc, avant sa création, a laissé peu de traces puisque leur accès n'était possible que par des routes primitives et des sentiers, ou encore par canot ou avion. C'est ainsi, que les conditions relativement sauvages du nouveau parc ont permis un aménagement bien planifié qui offre les commodités nécessaires à sa fréquentation et au plaisir du public.

Le parc de La Mauricie est convenablement situé pour répondre aux besoins de loisirs de la région hautement industrialisée du Québec. L'aménagement de barrages hydro-électriques sur la rivière Saint-Maurice à La Tuque, Grand-Mère et aux chutes Shawinigan, a facilité l'installation de manufactures de papier, en particulier de papier journal, d'industries d'aluminium et chimiques. Depuis le début du siècle, l'électricité produite par la Compagnie hydro-électrique de Shawinigan a répondu à la plus grande partie des besoins du centre du Québec, jusqu'à ce que ses droits et titres de propriété soient repris par Hydro-Québec en 1963. Shawinigan possède également la plus ancienne usine de transformation de l'aluminium du Canada, qui a été fondée en 1900.

Occupation préhistorique

L'occupation de la région de La Mauricie, avant l'arrivée des Européens, par des membres de tribus indiennes d'Amérique du Nord a été confirmée par des recherches archéologiques. Plus de 30 sites utilisés pendant la période préhistorique ont été recensés le long des rives ou sur les îles des lacs Wapizagonke, Caribou et Anticagamac. Cette chaîne de lacs qui bordent le côté ouest du parc national de La Mauricie formait une route naturelle pour les Indiens se dirigeant vers le nord par canot, depuis le fleuve Saint-Laurent. L'occupation de ces sites, cependant, était surtout d'ordre migratoire et les traces de ces passages se révèlent par des pierres de foyer noircies et des outils en pierre taillée. On croit que ces Indiens nomades ont fait partie de la confédération algonquine. En plus des artefacts trouvés sur d'anciens campements, des idéogrammes ou des peintures sur rocs qui décorent une colline escarpée du lac Wapizagonke témoignent d'une présense humaine dans des temps reculés.

À la suite de la fondation d'un poste de traite connu sous le nom de Trois-Rivières au confluent de la rivière Saint-Maurice et du Saint-Laurent, par Laviolette en 1634, les rivières et les lacs de La Mauricie deviennent une route favorite pour les trappeurs et les Indiens qui cherchent à éviter les Iroquois qui assuraient un contrôle en amont du fleuve Saint-Laurent. Finalement, cette route traversant La Mauricie perd son importance après la fondation de Ville-Marie (aujourd'hui Montréal) en 1642. Ce village, qui devait devenir la métropole du pays, devient très rapidement un centre de traite très important et attire la plupart du commerce des fourrures.

Exploitation des gisements de fer

La première industrie canadienne d'exploitation du minerai de fer et de la potasse a été créée dans cette région aux Forges du Saint-Maurice, à environ 11 km de Trois-Rivières. Cette forge a fonctionné entre 1730 et 1883. En 1923, sur la recommandation de la Commission des lieux et monuments historiques du Canada, les Forges du Saint-Maurice ont été commémorées par la Division des parcs nationaux du ministère de l'Intérieur, par l'érection d'un monticule de pierres portant une plaque en bronze. Cinquante ans plus tard, en mai 1973, les gouvernements du Canada et du Québec ont conclu une entente qui a permis à Parcs Canada de planifier, aménager et ouvrir au public les Forges du Saint-Maurice comme parc historique national.

Industrie forestière

Avant que l'industrie minière n'atteigne son apogée dans la région de La Mauricie, la coupe du bois dans cette partie du Québec avait déjà commencé. Les droits de coupe sur de grandes étendues ont été obtenus par des entrepreneurs du Québec en 1831 et pendant les années qui suivirent. Le premier chantier en pièce sur pièce permettant de travailler l'hiver a été construit par Edward Grieve dans le voisinage du lac à la Pêche en 1830. En 1852, les territoires de coupe de la région de la rivière Saint-Maurice étaient détenus par au moins 10 individus ou compagnies, l'une d'entre elles contrôlant 3522 km2 et une autre 4921 km2. George Baptist, George B. Hall, Gilmour et Compagnie, et la compagnie William Price faisaient partie des exploitants les plus importants.

Le commerce du bois a entraîné l'emploi de milliers de bûcherons le long des rivières Saint-Maurice et Mattawin et de leurs affluents. Bien qu'une partie du bois coupé ait été vendu comme bois de chauffage domestique, la plus grande partie était exportée de Trois Rivières ou de Québec vers la Grande-Bretagne, ou expédiée par train vers les États-Unis. Le premier glissoir à bois sur la rivière Saint-Maurice aux chutes Shawinigan a été construit en 1852. Sans nul doute cette installation fut créée pour faciliter le passage de la « pitoune » dans ces eaux turbulentes, très demandée par la Grande-Bretagne pendant de nombreuses années.

L'aménagement d'une centrale hydro-électrique aux chutes Shawinigan entre 1898 et 1903 par la Compagnie hydro-électrique de Shawinigan a entraîné le développement de la région comme centre industriel de pulpe et de papier. Pendant longtemps, la première manufacture fut la Compagnie de pâtes et papier Laurentide. Les capitaux de cette compagnie, ainsi que ceux de ses compétiteurs ont été finalement acquis par la compagnie de pâtes et papier Consolidated. Cette compagnie a fusionné par la suite en 1967 avec la Bathurst Paper Limited et est alors devenue la compagnie Consolidated-Bathurst Limited. Tel qu'indiqué dans les premières pages de ce chapitre, les droits détenus par la Consolidated-Bathurst à l'intérieur des limites du parc national de La Mauricie ont été annulés par le gouvernement du Québec afin de faciliter l'établissement et l'aménagement du nouveau parc national.

Planification et aménagement

À la suite de la signature de l'entente fédérale-provinciale le 22 août 1970, qui créait le second parc national au Québec, le directeur de la Division des parcs nationaux et historiques à Ottawa, entreprend son aménagement par étapes. Au début de 1971, des bureaux administratifs sont obtenus pour le parc dans la ville de Shawinigan et les premiers agents du parc sont nommés. Ceux-ci comprenaient Alfred Tremblay, directeur, Fernand Dionne, directeur des travaux, Gilles Ouellette, naturaliste, et Jean LaFrance, garde en chef. Ces fonctionnaires avaient tous acquis de l'expérience au préalable dans la gestion des ressources naturelles soit au Québec, soit en Ontario. Le personnel est modifié peu à peu à la suite de l'aménagement du parc. En 1978, les responsabilités du directeur du parc sont étendues quand le district de La Mauricie est créé. Il a depuis dirigé la gestion du parc historique national des Forges du Saint-Maurice.

En décembre 1970, le ministère des Affaires indiennes et du Nord prend contact avec Sereq Incorporé, de Montréal, pour que cette entreprise prépare le plan directeur de l'aménagement du parc de La Mauricie. Ce plan, terminé et soumis à la Direction des parcs nationaux en juillet 1971, traitait de la préservation de portions substantielles du parc là où des études écologiques révélaient la présence de faune et de flore présentant un intérêt particulier. En limitant l'accès aux zones d'intérêt écologique inhabituel, il devenait possible de suggérer la concentration de zones d'aménagement dans la partie méridionale du parc, en fait la plus facile d'accès, et, en diversifiant les activités, de rendre cette partie du parc la zone d'attraction principale des touristes.

Zonage du parc

Les planificateurs recommandaient que le parc soit divisé en quatre zones. La zone 1 représentait les régions présentant des qualités inhabituelles, uniques ou représentatives. Il faudrait préserver et protéger, entre autres choses, les paysages, la couverture végétale, la faune et les sites archéologiques. La zone 2 comprenait les régions sauvages, où les activités du public seraient restreintes à la randonnée, au canotage, à la pêche et au camping sauvage. La zone 3 réunissait les régions d'environnement naturel, où les aménagements pourraient inclure des terrains de camping primitifs, des campements pour les canoteurs, des sentiers menant dans les régions sauvages et fournissant des points de départ à la fréquentation de l'arrière-pays. La zone 4, comprenant les régions de loisirs de plein air, permettraient des aménagements permanents offrant des services aux visiteurs, dont une route promenade et des routes secondaires. Ces régions comprendraient des terrains de camping, des zones de pique-nique, des belvédères, un magasin général et des services de location de canots, ainsi que des stationnements et des centres de réception des visiteurs. L'accès général vers les zones aménagées serait fourni par la route promenade reliant l'entrée est près de Saint-Jean-des-Piles à l'entrée ouest près du village de Saint-Mathieu.

Beaucoup de ces premières propositions ont été adpotées à la suite de leur étude, de réunions de comités et de décisions internes. En septembre 1972, un plan préliminaire de gestion pour l'aménagement et le fonctionnement du parc de La Mauricie est achevé par la section de planification du bureau régional de Québec sous la direction de Denis Major, le planificateur régional en chef. Ce plan prévoyait cinq zones dans le parc. La cinquième zone étant utilisée comme zone d'utilisation intensive, offrant des activités ayant presque un caractère urbain.

Les résidants de la région sont invités à exprimer leur opinion sur les propositions pour le nouveau parc lors d'assemblées publiques. Ces audiences ont été tenues à Saint-Jean-des-Piles, Saint-Mathieu, Saint-Gérard des Laurentides, Grand-Mère, Shawinigan et Trois-Rivières. Parmi les projets adoptés figurait la construction de la route promenade, qui offrait la possibilité d'augmenter le nombre de zones de repos en bordure de route, de terrains de pique-nique et de points d'accès adjacents aux lacs.

Aménagement du parc

Après la nomination du personnel du parc et la création des services de conservation essentiels, les premiers crédits ont été utilisés pour la construction de routes d'accès, le nettoyage des rives des plus grands lacs et l'aménagement des principaux centres d'activités. Un contrat a été accordé pour l'arpentage, le dégagement et la construction de la route promenade donnant accès aux centres d'activité et permettant un contact initial avec le riche environnement naturel.

La première entrée du parc est ouverte près du village de Saint-Mathieu, à la suite de la reconstruction de la route reliant la partie méridionale du lac Wapizagonke avec la route provinciale 351. Une autre entrée est ouverte en 1974 au coin sud-ouest du parc, à environ 6 km au nord de Saint-Jean-des-Piles. Cette route permet un accès direct depuis la ville de Grand-Mère. Le premier des cinq principaux centres d'activités est aménagé près de la partie sud du lac Wapizagonke et nommé Shewenegan. Il occupe les terrains de l'ancien club Shawinigan, l'un des plus grands expropriés pour les besoins du parc. Cet endroit est ouvert au public en 1972 et offre un terrain de pique-nique, une plage, des sentiers de randonnée, un centre temporaire d'interprétation, un comptoir offrant des repas légers et une concession de location de bateaux. Il est le principal point de départ du canotage et du canot-camping. Le terrain de camping Mistigance, terminé avec des bâtiments de service et un amphithéâtre est mis à la disposition du public à cet endroit du parc. En novembre 1978, un plan directeur final est achevé par la Division de la planification de la région de Québec, de Parcs Canada, et approuvé par le ministre responsable des parcs nationaux, l'honorable J. Hugh Faulkner.

Lutte contre les feux de forêts

La protection des forêts contre les incendies est l'une des premières préoccupations de l'administration du parc. Plutôt que de dépendre d'un réseau de routes coupe-feu pour le transport des équipements d'extinction jusqu'aux lieux d'incendie, le service des gardes utilise des avions spécialement équipés pour le transport de l'eau qui sont loués du secteur privé lorsque cela devient nécessaire. Des zones naturelles d'atterrissage ont été déterminées pour les hélicoptères dans chacun des quinze secteurs du parc. Le parc national de La Mauricie est membre de la compagnie de conservation Québec-Mauricie, de laquelle de l'aide peut être obtenue dans les cas où l'extinction d'importants feux de forêts, ou difficiles à atteindre, sont au-delà des capacités du personnel du parc. En 1980, le service de conservation des ressources du parc était capable de contrôler et d'éteindre cinq incendies séparés dans des terrains difficiles.

Route promenade

Le projet le plus coûteux qui ait été entrepris dans le parc national de La Mauricie a été la construction d'une route promenande de 62 km reliant les entrées est et ouest et favorisant le premier contact du visiteur avec cet exemple très représentatif des montagnes laurentiennes. Des contrats séparés ont été accordés pour le dégagement de la voie et pour la construction de la route. Les rives d'un grand nombre de lacs auxquels cette route donne accès ont été nettoyés de leurs broussailles, bois mort et flottant.

En dessinant la route, les planificateurs du parc cherchaient à offrir un accès aisé à de nombreuses régions destinées au public. Ils espéraient également faire connaître le paysage spectaculaire de la région, et faire cette construction à un coût raisonnable. La construction a commencé en 1972 et s'est terminée à l'automne 1980 au coût de 22 000 000 $ comprenant le bitume. Il est possible de suivre cette route sur toute sa longueur en partant soit des centres d'accueil des visiteurs de l'est ou de l'ouest.

Voici une brève description de cette route, en partant de l'entrée est, à quelques kilomètres au nord de Saint-Jean-des-Piles.

Le centre d'accueil et d'interprétation de l'est, à moins de 1 km au nord de la limite du parc a été achevé en 1982. Il consiste en plusieurs bâtiments, stationnements, poste de garde, expositions d'interprétation et salle de spectacle à usage multiple. De ce centre, le tracé de la route suit la rivière Saint-Maurice pendant plusieurs kilomètres, et après avoir traversé la rivière à la Pêche, conduit au premier secteur d'aménagement principal du parc. Cette région. Rivière à la Pêche, est ouverte toute l'année, et a été conçue pour offrir une aide particulière aux personnes handicapées. Des possibilités pour le camping, la randonnée, et en hiver, le ski, se retrouvent ici. Un amphithéâtre est ouvert pour des programmes d'interprétation le soir.

Le centre d'intérêt suivant est le lac Bouchard, ou un terrain de pique-nique a été aménagé pour que les personnes handicapées puissent s'en servir. Du lac Bouchard, la route conduit au lac du Fou, où les visiteurs peuvent pêcher et canoter et où se trouve une autre zone de pique-nique. Le lac du Fou pourrait devenir éventuellement un point d'accès idéal pour des sentiers de ski de randonnée dans l'arrière-pays. Un peu plus loin, le visiteur atteint le lac Edouard, la seconde zone d'aménagement principal du parc. Elle offre une grande variété d'activités de plein air, dont les sports nautiques, le canotage-camping, le pique-nique, la randonnée et la pêche. Il y a une excellente plage, permettant la natation, un snack-bar, et une concession de location de canots.

Du côté nord de la route en partant du lac Edouard se trouve le lac Soumire, avec un stationnement de 70 places. Le lac Soumire est le point d'accès principal vers le corridor du lac des Cinq qui offre des possibilités de pêche et de canot-camping excellentes. Depuis le lac Soumire, le voyageur continue à l'ouest vers le lac Écarté, l'une des plus grandes surfaces d'eau du parc. Il y a un stationnement et la pêche y est excellente. Un peu plus loin par la route, le visiteur atteint le lac Alphonse, réservé aux pêcheurs âgés (65 ans ou plus). Des tables de pique-nique et un stationnement ont été aménagés.

Région spectaculaire

En quittant le lac Alphonse, le visiteur entre dans l'une des parties les plus spectaculaires de la route. La route grimpe en lacets tranquilles jusqu'à un belvédère, Le Passage, où l'on est récompensé par une vue magnifique vers le sud donnant sur la principale étendue du lac Wapizagonke, qui s'étend sur une longueur de près de 16 km. Une exposition d'interprétation est installée à cet endroit permettant aux visiteurs de découvrir les origines du paysage de la vallée Wapizagonke. En redescendant la colline, la route traverse le nord du lac Wapizagonke. Cet endroit est aménagé et accessible par une petite route secondaire, et l'on y trouve le plus grand et le plus populaire des terrains de camping du parc. Il contient également un amphithéâtre extérieur, des zones de pique-nique, des services pour les sports nautiques et la pêche, une concession de location de canot et un magasin à l'usage des campeurs.

La route continue vers le sud, longe le côté est du lac Caribou où est situé un point de départ important vers l'arrière-pays, avec un stationnement de 86 places. Le lac Caribou, la baie des Onze Îles, la baie de Cobb, le lac Maréchal, le lac Tessier, le lac Weber, le lac Anticagamac, et le réseau du lac Wapizagonke offrent les meilleures opportunités pour la pêche et le canot-camping dans le parc. Au sud du lac Caribou, la route s'élève encore une fois vers le sommet d'une longue crête, à l'ouest du lac Wapizagonke, où deux belvédères, le Vide-Bouteille et l'Île aux Pins, offrent des panoramas spectaculaires sur le lac et la forêt dense de l'est. Le nom Vide-Bouteille tient son origine du fait qu'il regarde vers un endroit sablonneux où pendant des années les pêcheurs s'arrêtaient pour boire.

Près des limites sud du lac Wapizagonke, le visiteur peut apprécier l'attrait d'un autre centre d'activité diurne principal, Shewenegan. Étant le terrain de pique-nique le plus populaire du parc, il offre une plage, des sentiers de randonnée, des services de location de canots et de repas légers. C'est également un point de départ important pour le canot-camping sur le lac Wapizagonke. C'est à cet endroit particulièrement populaire, que le premier centre d'interprétation temporaire a été inauguré par l'honorable Jean Chrétien, alors ministre des Affaires indiennes et du Nord, le 14 août 1972.

Tout près se trouve le terrain de camping Mistagance accessible par la route depuis la promenade. Une autre zone de pique-nique, l'Esker, est située à l'extrémité sud du lac Wapizagonke. Il offre un stationnement, des services liés aux sports nautiques, et une promenade le long d'un marais avec des panneaux d'interprétation. Près de là se trouve le terrain de camping La Clairière.

Avant de quitter le parc au sud-ouest, le visiteur passe par un autre centre d'accueil à l'entrée Saint-Mathieu où l'on peut obtenir des renseignements sur le parc, s'inscrire pour la pêche et des excursions en canot, et obtenir les permis nécessaires. Sont également disponibles les services de Info Nature, une association coopérante qui a entrepris la vente de livres sur la nature, d'affiches et de souvenirs. Depuis 1982 cette association favorise une plus grande connaissance du patrimoine naturel et culturel du parc. Les profits sont utilisés pour les programmes d'interprétation et de loisirs du parc.

Autres zones de loisirs

En plus des centres d'activités décrits dans les paragraphes précédents, beaucoup d'autres sites ont été aménagés pour les visiteurs. La plupart sont situés sur ou près des innombrables lacs qui abondent dans le parc, et sont accessibles soit de la route promenade, ou de routes et sentiers partant de la promenade, soit par les principaux corridors fluviaux du parc. Beaucoup ont des tables de pique-nique et des commodités pour l'amarrage des canots. La plupart fournissent des possibilités pour les canoteurs, les pêcheurs ou les visiteurs cherchant à se reposer. En fait, le parc national de La Mauricie offre quelques-unes des meilleures possibilités au Canada pour le canot-camping, une activité pour laquelle la géographie unique du parc est idéale. Les autorités du parc ont accordé la plus haute priorité à l'aménagement de commodités dans l'arrière-pays pour venir en aide aux canoteurs. C'est ainsi que cette forme de loisirs d'été est devenue très populaire et que quelque 19 000 excursionnistes en canot sont accueillis chaque année dans le parc.

Aide aux citoyens âgés

Un intérêt particulier a été accordé par les autorités du parc pour rencontrer les besoins de loisirs des citoyens âgés. Trois lacs ont été réservés à leur usage exclusif, et un lac est ouvert aux personnes physiquement handicapées. Sur ces lieux, des quais ou des rampes ont été installés.

Réseau de sentiers du parc

L'aménagement du réseau de sentiers du parc a été l'une des premières priorités lorsque l'on a entrepris d'aménager les services et les commodités aux visiteurs. Au cours de la première décennie du développement, l'accent a été porté sur la détermination de sentiers relativement courts près des zones de haute fréquentation telles que Shewenegan, Esker, Wapizagonke nord et le lac Edouard. Un réseau plus étendu de sentiers de longueur moyennes ou courtes a également été aménagé à l'intérieur du triangle formé par les zones du lac Edouard et du lac à la Pêche et par l'entrée secondaire Saint-Gérard des Laurentides. Ces sentiers sont ouverts aux randonneurs en été et aux skieurs en hiver. La longueur totale du réseau de sentiers de randonnée est d'environ 86 km. Un réseau de sentiers beaucoup plus long est en train d'être aménagé dans le secteur nord du parc et qui sera de plus de 100 km de longueur.

Utilisation hivernale

L'aménagement du réseau de sentiers du parc a été complété par l'utilisation d'anciennes sentes de bûcherons et de clubs de pêche, comme pistes de skis. Environ 70 km de sentiers signalisés et bien entretenus sont disponibles depuis l'aménagement de Rivière-à-la-Pêche jusqu'au côté oriental du parc. Une piste de 3 km est également réservée aux raquetteurs. Les campeurs peuvent utiliser le terrain de camping de Rivière-à-la-Pêche et d'autres endroits le long des pistes, mais doivent s'inscrire au bureau de l'administration du parc ou au centre d'accueil du ski. Le refuge Wabenaki sur le côté ouest du lac-à-la-Pêche, qui était auparavant le centre d'un club de pêche, a été conservé et sert aux groupes de skieurs ou individus au cours des mois d'hiver. Il offre 10 lits à l'intérieur de deux dortoirs.

La pêche sportive

Pendant des années, le Québec fut renommé pour ses possibilités de pêche et les lacs du parc de La Mauricie contribuent à maintenir cette réputation. Environ 15 000 pêcheurs sont annuellement recensés grâce au système de permis. Les truites grises et mouchetées sont parmi les espèces les plus recherchées, mais le grand brochet, le doré, l'achigan à petite bouche et d'autres espèces se trouvent également dans les eaux du parc. Quelques lacs ont été interdits à la pêche, afin de préserver les espèces. La pêche sportive, quelle qu'elle soit, est sujète aux règlements de pêche du parc national.

Programme d'interprétation

Les caractéristiques physiques et l'emplacement du parc national de La Mauricie, quoique il y ait d'autres régions semblables dans la partie sud du centre du Québec, sont uniques dans le réseau des parcs nationaux du Canada. La région du parc se distingue des terres basses du Saint-Laurent par ses montagnes boisées arrondies, la profusion de ses lacs et le réseau des rivières et des petits ruisseaux. Dans la majorité des endroits, loin des routes et des sentiers, une atmosphère sauvage domine, qui devait être à peu près la même pour les premiers portageurs et pour les Indiens qui découvraient cette région il y a déjà tant d'années.

Le corridor naturel à l'intérieur du parc, qui est formé par les vallées des lacs Wapizagonke et Anticagamac, offre un témoignage éloquent des modifications géologiques qui ont façonné les collines laurentiennes. Ici, le vent, la pluie, la neige et la glace, manoeuvres par les conditions météorologiques, ont lentement, mais sûrement, eu un effet corrosif à travers les siècles qui a modelé et façonné les collines et les vallées. La dernière glaciation, qui remonte à environ 10 000 ans, a laissé beaucoup de traces sous la forme de roches entaillées par la glace, de moraines et d'eskers.

Afin d'attirer l'attention des visiteurs du parc sur son histoire écologique et géologique unique, Parcs Canada a créé au cours du premier aménagement du parc, un service d'interprétation à l'intérieur du système de gestion du parc. Les activités d'interprétation sont offertes au centre d'accueil et d'interprétation situé à l'entrée Saint-Jean-des-Piles. Le centre comprend un espace pour des expositions fixes, des bureaux et un théâtre à usage multiple pour des projections audio-visuelles et des causeries. Des diaporamas saisonniers sont également offerts aux visiteurs que l'on fait circuler entre les terrains de camping de Mistagance, Wapizagonke-nord et Rivière à la Pêche. Des promenades guidées et d'autres activités d'interprétation spéciales sont offertes à travers le parc. Une activité unique et populaire au cours de la saison estivale est une excursion guidée dans un canot Rabaska à 12 passagers. Des panneaux d'interprétation sont également répartis à des endroits stratégiques du parc.


Conclusion

Une fois que les premiers visiteurs eurent pénétrés dans le parc national de La Mauricie en 1972, des progrès évidents ont été faits par Parcs Canada pour fournir les commodités et les améliorations qui permettent au public de prendre plaisir à la beauté du parc et à ses ressources récréationnelles. La portion méridionale du parc a été rendue accessible par une route promenade moderne, située de façon à faciliter les accès à ses lacs, sentiers ombragés, et opportunités innombrables pour apprécier une nature encore intacte. En poussant plus loin, d'anciennes voies navigables et de portages et sentiers bien entretenus s'offrent à la joie des canoteurs et des randonneurs. Pour ceux qui s'intéressent moins aux activités sportives, des programmes d'interprétation, des excursions guidées et la contemplation de la nature sont un repos pour le corps et l'esprit. Plus le temps passe, plus le parc national de La Mauricie aura de l'importance au sein du réseau des parcs nationaux du Canada.


La réserve du parc national de l'Archipel-de-Mingan

En juin 1984, le Parlement canadien votait un bill qui donnait le jour à la réserve du parc national de l'Archipel-de-Mingan, située le long de la côte nord du Saint-Laurent, près de Havre-Saint-Pierre au Québec.

La réserve du parc national de l'Archipel-de-Mingan comprend quelque 40 îles disséminées sur une bande étroite dans le golfe Saint-Laurent, à l'est de Sept-Iles et au nord de l'île d'Anticosti. Les îles constituent une région fragile d'une admirable beauté avec ses formations de colonnes rocheuses, sa flore, ses oiseaux de mer, ses baleines, ses phoques et ses marsouins.

En 1985, Parcs Canada a ouvert le centre administratif du parc à Havre-Saint-Pierre et a entrepris un programme de consultation publique pour élaborer un plan de gestion du parc. La réserve deviendra parc national une fois que les revendications des autochtones auront été réglées.


Références

Dossiers U2-14, volumes 1,2,5,6, Ministère de l'Intérieur, Direction des parcs du Dominion.

Dossiers C-8300-3/Q1, volume 1; C-8320-4/F1, volume 1; C-8500/L1, volumes 1,2,3; C-8500/FL, volume 1, Parcs Canada, Ministère de l'Environnement.

Débats de la Chambre des communes, 21 mai 1969 et 30 mai 1969.

Arrêtés en conseil P.C. 1970-1236, 8 juillet; 1971-1518, 27 juillet; 1976-3026, 9 décembre.

Loi amendant la Loi sur les parcs nationaux, Statuts du Canada, 1974, C.11.

Loi concernant le parc de Forillon et ses alentours, Statuts du Québec, 1970, C.32.

Loi concernant le parc de La Mauricie et ses alentours, Statuts du Québec, 1972, C.50.



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